Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 10:16

Les développements de l’affaire de l’Institut du Bon Pasteur. 

 

25 juillet 2013, Saint Jacques le Majeur, apôtre

 

pio-VI-caccia-gli-emissari-della-rivoluzione.jpg"Non possumus"

 

Comme cela a été annoncé et promis, Disputationes Theologicae continue, en restant, comme il se doit, fidèle à la ligne de la franchise ecclésiale et de la critique constructive, à informer sur les développements de l’affaire de l’IBP. Et cela sans agir d’une façon précipitée – comme cela est évident à tout observateur attentif – mais toutefois en tentant de persévérer dans cet amour de la vérité, bien que difficile, qui nous a poussé à parler (et cela aussi avec une visibilité appropriée)  à propos d’autres sujets. De sorte que, après avoir prudemment suivi  « l’échelle » évangélique, nous publions aussi les actes récemment établis, qui – nous l’estimons – parlent d’eux-mêmes.

Nous ne perdons pas non plus de vue – contrairement à la si fréquente démagogie – que les pressions sont un aspect très important, mais que ce n’est pas le seul : le facteur principal est comment nous nous rapportons à celles-ci, libre arbitre après libre arbitre. C’est en effet la présence fréquente de ce second facteur, le facteur intérieur, ce qui laisse le champ au premier. Observons l’histoire récente (qui – hélas, est si rarement magistra vitae…), par exemple l’histoire ecclésiastique : si les hommes d’Église “de bonne doctrine” avaient amplement préféré le bien de la cause au bien personnel (ou au mirage de celui-ci …), si au moins les “bons ” avaient été disponibles pour s’exposer personnellement sans trop de calculs opportunistes – d’une fausse prudence uniquement humaine – et cela de façon stable, la crise moderniste n’aurait-elle pas pu nuire beaucoup moins ? Peut-être le Seigneur nous aurait-il même épargné totalement ce châtiment. D’autre part, ces épreuves ont le grand mérite de dévoiler les cœurs et de les passer au crible un par un.

Voilà donc les actes qui ont été établis au cours de ces derniers mois. Et cela en observant, sans anxiété, les signes de la Providence et pendant que pratiquement toutes les activités ordinaires, les joies assouvissantes du sacerdoce et du Séminaire, continuaient comme toujours. Nous nous en remettons à cette Providence par l’intercession de la Vierge Marie, sans hâte, pour le futur aussi. Fiat voluntas Tua.   

Pour la version originale en langue italienne des documents voir ici.

 

1 -  Préavis de recours au Tribunal Suprême de la Signature Apostolique envoyé au Révérendissime Dom Antoine Forgeot le 29 mai 2013

 

Au Révérendissime Père Abbé

Dom Antoine Forgeot en tant qu’exécuteur de la Commission Ecclesia Dei

 p. c. À la Révérendissime Commission Ecclesia Dei

 

Objet : préavis de recours

 

Courtalain,  le 29 mai 2013

Révérendissime Père Abbé,

                                 après avoir présenté le texte annexé ci-après, et vu que j’ai reçu en réponse des phrases au ton menaçant, mais sans présentation d’arguments aux problèmes que j’ai avancés, et vu que je n’ai pas reçu l’envoi des documents de nature publique que j’ai demandés, y compris le ou les décrets du 18 juillet et/ou du 19 juillet (les dates et les objets qui m’ont été fournis ne coïncident pas) et le rapport du canoniste qui représente la Commission au Chapitre, le Rév. Père Poquet de Haut-Jussé (dont le nom a été, au dire de l’abbé Laguérie, établi discrètement avec Mgr Guido Pozzo);

après que je vous ai confidentiellement envoyé, à vous, Révérendissime Père Abbé, un texte avec quelques questions qui m’a été renvoyé, et après avoir expédié de nouveau le même texte, sans que je n’aie encore eu une réponse à mes questions;

par la présente, je communique que, dans les prochains jours, vu l’état des choses, je vais  désormais me voir contraint – à mon grand regret – à intenter un recours canonique exercé selon le Droit de l’Église Romaine.

En effet, si, suite à la réponse écrite de la Révérendissime Commission du 29 mai dernier, je reste sans aucune suite bienveillante, je vais devoir conclure que les termes de la supplicatio pourront être considérés désormais échus. Du fait que les réponses aux questions que j’ai formulées sur les motivations canoniques de l’annulation de l’élection de l’abbé Roch Perrel et du Conseil Général de l’IBP (dont la nullité reste sans être prouvée) – Conseil qui comprend le soussigné, qui, entre autre, résulte donc partie lésée –, ainsi que sur les raisons juridiques sous-jacentes à l’introduction de la confirmation des élus de la part de la Commission (un élément nouveau qui introduit subrepticement une norme non prévue par le Droit canonique ni par nos Statuts), ne me sont pas parvenues, je vais être obligé d’agir ad normam iuris, bien que j’aie, jusqu’à aujourd’hui, préféré et tenté des voies plus discrètes, tant que compatibles avec la charité fraternelle dans la vérité. Charitas in veritate.

Accessoirement à ce qui est exprimé ci-dessus, je me vois aussi obligé de présenter un recours concernant le remaniement du corps électoral capitulaire, qui, outre le fait que ce remaniement est contraire au Droit et à nos Statuts, semble aussi être contraire à la justice naturelle la plus élémentaire (les résultats en seraient objectivement altérés et pourraient sembler “orientés”). 

Je n’ai pas l’intention de décrire ici la pratique singulière de convocation à laquelle nous avons assisté jusqu’à aujourd’hui, qui me semble tout au moins juridiquement discutable, si ce n’est catégoriquement ‘a-juridique’.

Je précise en outre, pour exprimer filialement ce que j’ai sur le cœur et le présenter à votre évaluation paternelle, qu’une telle procédure me paraît imprudente en ce qui concerne la continuation sereine de l’activité de l’Institut (qui – objectivement et abstraction faite des intentions personnelles – reste l’objectif primaire de toute intervention) et pourrait paraître inconvenante au bien d’une société déjà si tourmentée par les pressions réitérées dans le but d’en altérer l’identité, une identité reconnue par les Statuts voulus par le Souverain Pontife Benoît XVI.

Il va de soi – évidemment – qu’un recours à la Prima Sedes est par essence un acte public, qu’il ne serait par conséquent pas inconvenant d’annoncer publiquement ; toutefois,  je désire ardemment que les voies interlocutoires puissent être activées dans un délai convenable qui précède le 4 juin, date jusqu’à laquelle je continuerai d’espérer.

Qu’il me soit permis de rappeler que des interventions semblables ont objectivement engendré, abstraction faite des intentions des auteurs, des ruptures et des durcissements douloureux, qui résultent être les pires ennemis du terrain d’un saint esprit de communion. Avec la tristesse que j’éprouve en constatant que l’histoire du “monde traditionaliste”  semble n’avoir rien enseigné – tant dans le cas de Mons. Lefebvre, où la rupture aurait pu être évitée à temps, que dans le cas de la Fraternité Saint Pierre en l’An Saint 2000, où la lourde « mise sous Commissaire » et les manigances et pressions (dont des prêtres de cette Fraternité nous ont confié le conditionnement douloureux) ont renforcé le climat de défiance qui a suivi dans des secteurs variés de ce monde – je garde l’espoir que l’on ne s’obstinera pas à suivre une ligne qui suit plutôt la politique de la terre brûlée plutôt que celle de la paix et de l’union, dans la vérité et dans la charité, où nous mène cette agréable fête du Très Saint Sacrement.

En toute franchise évangélique et dans la prière à Marie Reine. 

                                                                                                    
Don Stefano Carusi

 

 

Le texte antérieur mentionné ci-dessus, de nouveau envoyé, était le suivant:

Suit l’annexe:

 

ANNEXE

 

Instance à la Commission Pontificale Ecclesia Dei

 

À Son Excellence Révérendissime  Mgr Gerhard L. Müller

A Son Excellence Révérendissime  Mgr J. Augustine Di Noia

p.c. au Révérendissime Père Abbé Dom Antoine Forgeot

 

                                 Courtalain, le 8 mai 2013,
Apparition de Saint Michel Archange
et Supplication à Notre-Dame du Rosaire

 

Excellences Révérendissimes,

                     le 4 mai 2013, j’ai été mis au courant de la lettre aux membres de l’Institut du Bon Pasteur, que Vos Excellences ont voulu nous faire parvenir moyennant l’expédition du Révérendissime Dom Forgeot, qui est partie de Fontgombault le 1 mai 2013.

J’ai lu à cœur ouvert les exhortations à la paix et à la réconciliation ; et je me réjouis d’avoir été en syntonie avec celles-ci, dans l’amour à la vérité et à la justice, dans mes tentatives suivantes : juillet 2012, septembre 2012, avril 2013. Malheureusement, comme la Révérendissime Commission nous l’écrit elle aussi, à mon grand regret, il n’a pas été possible d’arriver à une résolution raisonnable de la situation concrète. Une situation dans laquelle – sans animosité pour la personne, mais aussi sans aveuglement face aux faits – l’abbé Laguérie a publié, après avoir fait parvenir un bulletin électoral ad hoc, après avoir abandonné le Chapitre en plein déroulement, après avoir signé un document de renonciation à ses titres peu avant cet abandon, comme si de rien n’était des écrits de signe contraire, par Internet, déjà dès juillet 2012!

Par cette supplicatio, je présente, après avoir demandé conseil auprès de la Révérendissime Curie Romaine, quelques instances, à cette Commission et à tous les degrés prévus selon la pratique de notre Sainte Mère l’Église, sans, d’autre part, exclure de les considérer à nouveau.


Je vous présente donc, en premier degré, les trois instances suivantes:


Instance n. 1 – Je demande la copie du décret du 19 juillet 2012, un décret émis suite à je ne sais pas quelles informations et en tout cas inaudita altera parte, puisque le Secrétaire de l’époque de cette Commission, le Révérendissime Mgr Guido Pozzo avait répondu par courriel à l’abbé Perrel deux jours auparavant, en s’exprimant avec le ton de qui comprend tout, qu’il n’était disposé à écouter aucun des Capitulaires.

Instance n. 2 – Je demande les raisons juridiques qui ont amené à estimer nulle l’élection de l’abbé Perrel et du Conseil, y compris l’appelant, une élection que tous les Pères Capitulaires présents (plus des deux tiers des ayant droit) ont exercée et qui avait été réalisée uniquement après en avoir informé cette Révérendissime Commission et en avoir en vain demandé l’avis avant de continuer, sans recevoir aucun signe contraire de votre part. Quelles sont les raisons de la nullité de l’élection adoptée par l’abbé Laguérie, cela résulte en effet évident car, pour l’égalité de voix, fut essentiel un bulletin arrivé par correspondance et remplacé peu avant le scrutin par le Rév. Père Canoniste Poquet du Haut Jussé, que l’abbé Laguérie dit avoir concordé discrètement avec le Secrétaire de l’époque de cette Révérendissime Commission. Le contraste avec le Code étant flagrant (cf. can. 167), comme cela fut souligné lors du Chapitre (cf. Rapport du Secrétaire du Chapitre), la nullité est évidente, tout comme elle fut évidente pour les Capitulaires. Par contre, nous ne comprenons pas quel élément juridique aurait annulé l’élection, cette fois avec une majorité qualifiée, de l’abbé Perrel et de son Conseil. 

Instance n.3 – Je demande les raisons de la nécessité de confirmer celui qui sortira élu Supérieur de l’IBP aux prochaines élections, de la part de cette Commission, comme cela est précisé dans le décret du 15 avril 2013. Cet élément ne résulte pas présent dans le Code de Droit Canonique en vigueur, ni non plus dans nos Statuts, ce qui a été voulu (à l’époque ne nous a pas du tout été présenté comme transitoire) de l’Éminentissime Card. Castrillon Hoyos. Il est en effet évident, aujourd’hui malheureusement non pas partout avec certitude (comme cela sera certes bien connu à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi), que le Pontife Romain jouit du droit d’intervenir directement sans exceptions : mais vu qu’il s’agit de Statuts récemment approuvés par volonté directe – c’est ce que nous a dit le Card. Castrillon Hoyos – du S.S. Benoît XVI, il semble à l’appelant et aux sources qu’il a consultées que des éléments difformes éventuels doivent résulter approuvés directement et de façon spécifique par le Saint Père.


Restant dans l’attente des élucidations mentionnées ci-dessus, qui, en ce qui concerne les points n. 2 et 3, postulent évidemment aussi une question humble de reconsidération, je l’espère avec sérénité et je prie le plus possible, afin que l’éventualité fâcheuse d’un recours jusqu’à l’Auguste Table, soit évité.

En me permettant de confier le futur de notre Institut à Vos prières, j’implore Votre bénédiction et je Vous adresse mes salutations les plus spirituelles.


Don Stefano Carusi
, membre élu du Conseil de l’IBP   

 

 

 2 - Suite à l’absence de réponse de la part du Commissaire de la Commission “Ecclesia Dei”, qui, au contraire, convoquait des élections primaires, en modifiant la composition du Chapitre en fonction, qui allait procéder de nouveau à l’élection du Supérieur, a été transmise la présente Instance au Tribunal Suprême de la Signature Apostolique, une instance qui implique la suspension des mesures objet du recours.

 

Instance au Tribunal Suprême de la Signature Apostolique

 

À Son Éminence Révérendissime Card. Raymond Burke

p.c. À la Révérendissime Secrétairerie d’État

p.c. À la Révérendissime  Congrégation des Religieux

p.c. À la Révérendissime  Commission Ecclesia Dei

p.c. Au Révérendissime  Dom Antoine Forgeot

 
Courtalain, le 3 juin 2013

 

Éminence Révérendissime,

                                          par la présente, je fais directement appel au Tribunal Suprême que Vous présidez pour présenter ce qui suit à titre d’Instance, la suite de l’Instance juridique que j’ai déjà soumise à la Révérendissime Commission Ecclesia Dei, concernant l’annulation de l’élection du Supérieur Général de l’Institut du Bon Pasteur qui a eu lieu en juillet 2012 dernier.

Le 8 mai 2013, après avoir reçu, le 4 mai, la nouvelle certaine d’un décret annulant l’élection du Supérieur Général du Bon Pasteur et la mienne, j’ai soumis – en tant que partie lésée aussi – une Instance à la Commission Ecclesia Dei afin de connaître les raisons juridiques d’un tel acte d’annulation ; des raisons qui, de par leur nature, sont publiques, tout au moins pour les sujets qui sont, en ce qui concerne la disposition, des parties lésées.

Par la lettre datée 20 mai 2013 que j’annexe, Son Excellence Mgr Di Noia ne m’a répondu rien d’autre que l’injonction de m’“abstenir” définitivement de tout acte qui “provoquerait des désagréments”, en ajoutant aussi une phrase qui se prête à des interprétations variées, même éventuellement menaçante, c’est-à-dire que la chose aurait été un bien pour la personne que je suis ; nulle autre spécification n’a été ajoutée, ni les documents ne m’ont-ils été envoyés, ni la disponibilité à me les envoyer dans les trois mois après réception de la lettre ne m’a-t-elle été indiquée.

La pratique de l’Église étant toujours celle du recours franc et ouvert à la Prima Sedes, ce qui est, entre autres, un acte de déférence au Vicaire du Christ et à Sa Curie, je suis convaincu que le recours filial aux organes compétents peut être, dans le culte de la justice et du droit, la voie propice pour favoriser une transparence juridique humble et rigoureuse que, garantie véritable à la personne, l’Église a tant à cœur.

Suite à une telle communication et alors que, à défaut d’une réponse adéquate, j’étais en train d’anticiper le projet de mon intervention actuelle, j’ai reçu des menaces de “graves sanctions”. Celles-ci étaient exprimées d’une manière canonique irrecevables, et ont suscité en moi une profonde douleur, liée au scandale et à la réprobation, non pas pour les intentions car ce n’est pas à moi de les juger mais au Très Haut le jour du Jugement, mais pour la manière dangereusement indéfinie des susdites menaces, ce qui n’est certainement pas compatible avec la franchise chrétienne sereine et la paix ecclésiale dans la justice (cf. Annexe n. 7).

Je présente donc la documentation citée à ce Révérendissime Tribunal, actuellement sous forme d’Instance, en restant dans la prière ouvert à des possibilités de conciliation, qui soient compatibles avec les principes rappelés par les Souverains Pontifes Pie XII et Paul VI sur le lien dont il faut absolument tenir compte entre la paix et la justice.

 

Je transmets au besoin, en tant que parties intégrantes, les annexes suivantes:

Annexe n. 1) Rapport du Chapitre Général de l’Institut du Bon Pasteur de juillet 2012 rédigé par le Secrétaire du Chapitre.

 Annexe n. 2) Lettre de Son Excellence Mgr Müller aux membres de l’Institut du Bon Pasteur du 15 avril 2013.

Annexe n. 3) Instance à la Commission Pontificale Ecclesia Dei présentée par le soussigné le 8 mai 2013.

Annexe n. 4) Lettre à Mgr Di Noia du 20 mai 2013.

Annexe n. 5) Lettre du soussigné au Révérendissime Père Abbé Dom Antoine Forgeot du 29 mai 2013.

Annexe n. 6) Annonce du recours canonique par voie hiérarchique du 31 mai 2013.

Annexe n. 7) Décret du Révérendissime  Dom Antoine Forgeot, daté 30 mai 2013.

Avec mes pauvres prières, je m’incline pour baiser la Pourpre sacrée

 

Don Stefano Carusi, IBP

 

 

3) - Contextuellement, a été envoyé, avec cinq autres confrères, le recours hiérarchique suivant concernant la disposition qui, en fait, procédait à l’altération de la composition du Chapitre qui devait élire le Supérieur de l’Institut:

 

À Son Excellence Révérendissime Mgr Gerhard  Müller

À Son Excellence Révérendissime Mgr Augustine Di Noia

Commission Pontificale Ecclesia Dei

p. c. À la Révérendissime Secrétairerie d’État

p. c. À la Révérendissime Congrégation des Religieux 

 

Objet : recours hiérarchique

 

Courtalain, le 2 juin 2013

 

Excellence Révérendissime,

                  nous nous voyons obligés de présenter à Vos Excellences un recours hiérarchique, après avoir épuisé toutes les voies de l’arrangement pacifique du litige. À partir du moment où nous avons eu la communication, bien que fragmentaire et imprécise, nous avons demandé, avec des remonstrationes écrites variées envoyées au Révérendissime Antoine Forgeot, Supérieur Général pro tempore de l’Institut du Bon Pasteur, la révocation de la disposition ab ipsius auctore (CIC, c. 1734), une disposition qui convoquait des élections pour le remaniement du corps électoral capitulaire de l’Institut du Bon Pasteur, en en altérant la composition initiale. Nous soulignons que cette disposition résulte être promulguée sans dérogation manifeste en la matière. L’auteur, par la réponse écrite du 31 mai dernier ne donnait suite à aucune reconsidération de la disposition que nous exposons ci-dessous dans les détails, ni ne donnait suite à la voie de la médiation que nous avions proposée durant les deux jours suivants (CIC, c. 1733).  

Suite au décret de nomination du 15 avril dernier Vos Excellences avez nommé le Rév. Dom Antoine Forgeot, Commissaire avec la fonction de Supérieur Général  pro tempore pour l’Institut du Bon Pasteur, dans le but de procéder à l’élection du futur Supérieur Général, conformément au Droit et à nos Statuts.

Il y a environ une semaine, il nous a été communiqué par plusieurs courriels dont les contenus étaient différents, que la réunion consultative et d’échange débonnaire d’opinions en vue d’une pacification, prévue pour le 4 juin, avait été transformée en section électorale (cf. courriels annexés) pour organiser des élections primaires qui modifieraient en grande partie la composition du Chapitre. Nous précision que le Chapitre est déjà en fonction depuis plus d’un an et qu’il reste en fonction pendant les cinq ans prochains aux termes des Statuts (V. 4) ; les membres de droit ont été approuvés par cette Commission et les membres élus ont eu accès aux fonctions conformément aux pratiques statutaires approuvées par écrit par cette Commission, qui approuva aussi les résultats des scrutins et la convocation régulière de juillet 2012.

 La disposition, outre la rapidité de la communication très proche de la rencontre qui nous avait été annoncée initialement comme simplement consultative, vise à organiser un nouveau vote, qui en fait remanie la composition initiale du Chapitre Général, et ne résulte pas consonant avec le Droit et avec les normes procédurales :

En l’espace d’une semaine, immédiatement après la rencontre consultative du 4 juin, nous avons eu la nouvelle peu précise que l’on procédait à l’innovation imprévue et inattendue et que par conséquent de nouvelles élections primaires étaient établies, sans fournir aucune raison juridique (courriel du 23 mai), que l’on procédait à la destitution de deux membres de droit, à la diminution du nombre des membres élus (qui de quatre devenaient deux), à la communication que l’abbé Héry était un membre de droit, suivie d’un démenti écrit de la même nouvelle, démentie à son tour par une troisième communication de signe opposé (cf. courriels annexés des 27 et 29 mai 2013) ; il en est de même pour les diacres incardinés, qui, au premier moment, ont été indiqués par écrit comme électeurs pour être ensuite expulsés du collège électoral il y a environ deux jours, le tout à moins d’une semaine de la rencontre consultative, à l’improviste transformée en votation primaire. Nous précisons que ces communications sont toutes parvenues, par courriel et d’une manière fragmentaire, à quelques-uns et non pas à tous les membres de l’Institut, ce qui a engendré objectivement de la confusion et de la défiance juridique, car nous avons découvert une pratique procédurale qu’il nous semble impossible  de concilier avec le Code et avec nos Statuts et qu’en toute conscience nous ne pouvons approuver.

Le remaniement presque complet du corps électoral capitulaire, en fonction pour les cinq prochaines années, sans qu’il consiste aucune attribution de pouvoirs extraordinaires en ce sens – et vu qu’il n’y avait aucune dérogation manifestée – ne rentre pas dans les munera conférés au Supérieur pro tempore (cf. Décret de la Commission Ecclesia Dei, prot. 80/2006, 15 avril 2013). Nous présentons donc un recours par voie hiérarchique afin que soit reconnue la nullité juridique de la disposition citée du Rév. Dom Forgeot, qui résulte avoir la faculté d’organiser l’élection invoquée par le décret mentionné, mais non pas pour altérer la composition de tout le Chapitre. Le Souverain Pontife Jean Paul II, en invoquant le respect du Code, qu’il appelait  “le troisième pilier de l’Église”, soulignait que la clarté procédurale est le support nécessaire présupposé de tout acte juridique ecclésial et de sa crédibilité.

Ni ne pouvons en outre garder sous silence que l’élection successive à cette procédure, du fait de sa nullité, exposerait l’Institut à de très graves troubles qui, objectivement et abstraction faite des intentions, ne feraient qu’aggraver la situation déjà délicate de notre société. Non seulement certains membres de l’Institut, avertis depuis moins d’une semaine et par courriels contradictoires – qui ne parlaient, entre autres, pas initialement d’élection – n’ont pas prévu de se rendre matériellement sur le lieu de la rencontre (que l’on pense à combien d’entre eux demeurent en Amérique du Sud, lesquels ne peuvent même pas – raisonnablement – être avertis in extremis), mais nous soulignons que nous ne pouvons vraiment pas concevoir une telle procédure. Tout résultat sortant de l’imposition d’une telle votation ne pourra qu’être l’opposé de l’“élection sereine et sûre” souhaitée par le Décret du 15 avril dernier.

Nous soulignons aussi l’inconvenance des menaces écrites que certains des signataires reçoivent en cette période qui est une période électorale, nous ne pouvons donc certainement pas dire qu’il y ait un climat permettant de pouvoir procéder sereinement, car il est évident qu’une altération semblable du corps électoral mènerait vraisemblablement à des résultats différents de ceux qui viendraient du corps électoral original des Pères capitulaires.

Nous demandons donc, avant de recourir au Tribunal Suprême de la Signature, que le vote ait lieu comme selon la procédure avec le même corps électoral capitulaire de juillet 2012 et la suspension immédiate – liée au présent recours – de la décision convoquant les élections du 4 juin prochain mentionnées.

Dans l’espoir d’une solution, nous vous adressons nos salutations distinguées et restons dans l’attente d’une réponse dans la prière à Jésus le Bon Pasteur.

(Suivent les six signatures des prêtres appelant)

 

4)  -  Alors que le Commissaire Forgeot procédait comme si de rien n’était à une nouvelle élection, pour laquelle ont été aussi convoqués quatre prêtres qui avaient abandonné l’Institut avant le dernier Chapitre, dont deux se sont même présentés (et malgré cela le quorum, qu’il avait déjà prévu pour la validité de l’élection, n’a même pas été atteint), nous avons aussi reçu la communication déconcertante d’une prorogation d’un an de l’abbé Laguérie, une notification dont personne n’était au courant avant le 4 juin 2013, ni les Pères capitulaires ni les membres de l’Institut.

Ainsi, la présente intégration au recours est devenue nécessaire:

   

Courtalain, le 8 juin 2013

                  
Excellences Révérendissimes,

                                ce n’est que successivement, par rapport à notre recours du 3 du mois courant, que nous avons appris que la Commission Ecclesia Dei a confirmé motu proprio le Supérieur échu et non réélu, l’ Abbé Philippe Laguérie, qui “est reconduit pour un an”. La circonstance, référée par le représentant, Dom Antoine Forgeot, de ladite Commission, le 4 du mois courant, qui nous a été référée par des confrères, a été confirmée successivement par ce-ci par écrit dans le courriel annexé par lequel il nous communique son rôle d’“aider le supérieur sortant, Mr l’abbé Philippe Laguérie, à préparer l’élection”. Cette procédure foule aux pieds la volonté de notre Chapitre de juillet 2012, qui a légitimement retenu ne pas confirmer ce candidat et se révèle complètement irrespectueuse de nos statuts, approuvés par le Saint Siège pas plus tard qu’en 2006, qui ne prévoient pas une telle procédure. Donc, nous refusant de considérer un accord bilatéral comme étant un chiffon de papier, nous nous voyons obligés d’intégrer notre récente Instance avec cet élément aussi, qui, entre autres, ne consent pas de reconnaître que le Délégué de la Commission soit un garant impartial de la répétition d’une élection controverse. Bien que stupéfaits et attristés à l’extrême, nous sommes en train de tenter de procéder avec le maximum de modération et de responsabilité possible si bien que nous avons encore gardé les susdits comportements, qui ne peuvent nous sembler que de scandaleux abus de pouvoir, dans la discrétion.

Nous prions ardemment afin que nous ne soyons pas obligés, en cas d’échec de la voie de l’Instance aussi, de saisir désormais prochainement les voies de justice accomplies, comme conformément à la procédure toujours considérée légitime dans la Sainte Église Romaine, amie du droit et de la justice.

 (Envoyée au nom des appelants précédents)

 
La Rédaction de Disputationes Theologicae

Partager cet article
Repost0
21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 11:57

78_img22.JPG

Chandeleur 2013: la prise d’habit. En avant, sereinement…

 

     Au bout de neuf mois, le temps de faire naître un enfant, la position achevée prise par la Commission Pontificale Ecclesia Dei sur la situation interne à l’Institut du Bon Pasteur est enfin arrivée. Au nom de l’amour pour la vérité qui a inspiré la ligne éditoriale de cette revue, Disputationes la communique en se promettant de continuer à informer, en toute transparence, sur les développements de ces vicissitudes.

     En résumé: un Commissaire a été nommé pour six mois. Il devra organiser de nouvelles élections pour les organes directifs de l’Institut (dans la personne d’un religieux français ayant la réputation d’être un homme de Dieu).

     D’un côté, ce fait démentit l’irrecevable et absurde prétention de l’abbé Laguérie, lequel soutenait être, encore à présent, le Supérieur de l’Institut (grâce à l’appui de cette Commission Ecclesia Dei, qu’il méprise dans le privé) et de manipuler, hier tout comme demain, les élections. En ce laps de temps, il y aura de toute façon de nouveaux votes, qui ne seront pas gérés par l’abbé Laguérie : d’une certaine manière, on sortira, avec clarté, de la situation actuelle. De l’autre, il ne paraît pas enthousiasmant qu’après neuf mois d’incertitude, on en suppose six autres sous Commissaire. L’IBP, tout au moins en sa majorité,  ira certainement de l’avant sereinement, fidèle à son identité et à son devoir, tout comme, avec la grâce de Dieu, il a continué de l’être au cours de ces longs mois : alors que pas mal de personnes donnaient l’Institut pour mort, le séminaire a continué tranquillement sa vie, et a même éprouvé la consolation de l’arrivée de nouveaux séminaristes, le ministère sacerdotale ayant continué comme toujours… Cependant, il n’y a pas de doutes que d’ajouter six mois encore sous Commissaire, aux neuf qu’il y a déjà eus, ce n’est pas ce qui était le plus désirable pour la vie d’une société. Comme cela a été écrit en son temps dans ces colonnes: voilà les fruits de l’obstination de l’abbé Laguérie!      

     Dans les milieux de la Fraternité Saint Pie X (mais pas seulement) les problèmes de l’Institut avec Rome ont souvent été mentionnés. Il nous semble qu’à ce propos aussi nous avons dit clairement les choses telles qu’elles sont: les articles de cette revue sont là pour le confirmer. Cependant le problème principal de l’Institut – cela est douloureux, mais la vérité, c’est la vérité – est la conduite de l’abbé Laguérie, tout comme le problème principal de la FSSPX est la conduite de Mgr Fellay (bien que les deux ne soient pas dépourvus de qualités remarquables). Avec la différence que la majorité de l’Institut – en résistant – a refusé de confirmer l’abbé Laguérie.

Don Stefano Carusi, prêtre de l’Institut du Bon Pasteur

 

Partager cet article
Repost0
28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 20:00
fiaccole 3
Pro eligendo Summo Pontifice 

Oremus 

Supplici, Domine, humilitate deposcimus: ut Sacrosancte Romanæ Ecclesiæ concedat Pontificem illum tua immensa pietas; qui et pio in nos studio semper tibi placitus, et tuo populo pro salubri regimine sit assidue ad gloriam tui nominis reverendus.
Per Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

 

Prions 

Seigneur, nous vous en supplions humblement, que votre bonté infinie accorde à la Sainte Eglise Romaine un Pontife qui vous plaise toujours par sa sollicitude paternelle envers nous et dont le bienfaisant gouvernement mérite la vénération de votre peuple pour la plus grande gloire de votre nom. Par Jésus-Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il.

 

Contra persecutores Ecclesiae

Oremus
Ecclesiae tuae, quaesumus, Domine, preces placatus admitte: ut, destructis adversitatibus et erroribus universis, secura tibi serviat libertate. Per Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

 

Prions

Nous vous en supplions, Seigneur, laissez-vous fléchir par la prière de votre Eglise, pour qu'elle voie anéanties toutes les erreurs et oppositions, et qu'elle puisse vous servir avec une liberté sans entrave. Par Jésus-Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il.

 

Pro tempore Passionis

Oremus 

Respice, quaesumus, Domine, super hanc familiam tuam, pro qua Dominus noster Jesus Christus non dubitavit manibus tradi nocentium, et crucis subire tormentum. Per Christum Dominum Nostrum. Amen.

 
Prions

Seigneur, nous vous prions de regarder d'un oeil favorable votre famille, pour laquelle Notre Seigneur Jésus-Christ n'a pas hésité de ses livrer entre les mains des méchants et de souffrir le tourment de la Croix. Par Jésus-Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il.

 

Mater Ecclesiae, ora pro nobis 
Sancte Joseph, ora pro nobis 
Sancte Pie X, ora pro nobis

 

Après les décennies de dévastation de ce long Carême: Parce Domine, parce populo tuo...

 

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 09:43

Ritaglio2.png

G. B Tiepolo, "Le courtisan Ptolémée offre la tête de Pompée pour s’attirer les bonnes grâces de César"

 

Dans notre communication publique du 14 mai 2012 Disputationes ne se laisse pas bâillonner, nous nous étions demandé si l’injonction adressée à cette revue libre au nom de la Commission Pontificale Ecclesia Dei provenait réellement de cet Organe romain, dans quelle mesure… Dans le but de vérifier, et cela aussi pour éclairer nos lecteurs, notre directeur a demandé des élucidations directement à cette Commission, par la lettre suivante :

 

Don Stefano Carusi

       18 Place A. Rillié                                                                         

       F- 28290 Courtalain

                 

  Courtalain, le 22 octobre 2012

Excellence Révérendissime,

     Je me vois obligé d’écrire à la révérendissime Commission Pontificale pour l’informer de certains événements et de certains épisodes déconcertants qui m’ont été présentés comme étant l’application de la volonté de votre Commission. Au cours de ces derniers mois, en effet, j’ai fait l’objet de menaces en tant que Directeur responsable du site Disputationes Theologicae (une revue libre qui n’est pas un organe du Bon Pasteur, comme elle l’a déclaré expressément à plusieurs reprises). Certaines de ces menaces émanaient directement de l’abbé Philippe Laguérie, qui prétendait que la révérendissime Commission l’avait mandaté afin qu’il me signifie les graves punitions qui m’attendaient si je n’obéissais pas à ces censures. Le 13 mai 2012, l’abbé Laguérie m’a écrit en soutenant que Mgr Guido Pozzo avait intimé, par une lettre du 8 mai de la même année, que quelques articles du site soient censurés ; entre-temps, j’ai été expressément menacé d’être muté en Colombie si je ne retirais pas les articles d’opinion sur le rite exclusif et sur la critique constructive du Concile Vatican II. Ces jours-là, j’ai reçu une menace anonyme qui invoquait à mon égard une réduction à l’état laïc dans un bref délai. Suite à ces pressions, j’ai dû être hospitalisé le 14 mai 2012, à l’Hôpital de Châteaudun.

     Attendu que, comme Directeur d’une revue libre, dûment inscrite au Tribunal de Camerino, mon œuvre de coordinateur m’impose de me concerter avec le Conseil de Rédaction et avec la loi italienne sur l’édition, je ne vois vraiment pas comment l’abbé Laguérie peut invoquer le droit de censure sur la presse catholique libre, à plus forte raison si les textes ne contiennent rien contre la foi ni contre les mœurs et s’ils expriment un simple point de vue théologique indépendant, comme les canons 212 et 215 du Code de droit canon le soulignent.

     Malheureusement, les menaces continuent aujourd’hui et s’intensifient en ce moment délicat pour l’Institut du Bon Pasteur. Non seulement on invoque qu’elles proviennent directement de cette révérendissime Commission, mais on soutient aussi que cette Commission a donné le pouvoir d’exclure du Chapitre du Bon Pasteur – et donc d’élections prochaines éventuelles – tous ceux qui ne se soumettent pas aux ordres et aux censures de l’abbé Laguérie. Celui-ci, en fait, est en train de remanier la composition du Chapitre – nous ne savons pas très bien à quel titre, vu qu’il a donné sa démission de Supérieur Général le 3 juillet dernier et vu que le titre coloré était échu le 8 septembre – en vue d’une réélection, avec des méthodes qui ne semblent pas s’inspirer de la légalité canonique ni du plus élémentaire sens de la justice.

     Je me vois donc obligé d’informer cette révérendissime Commission du texte stupéfiant qui m’est parvenu le 11 octobre dernier et que je joins à cette lettre. Non seulement il contient des menaces qui m’y sont manifestées et qui sont irrecevables canoniquement, mais aussi des phrases calomnieuses qui y sont insinuées. J’écris donc à cette révérendissime Commission en l’informant aussi que les membres du Conseil de Rédaction de Disputationes se sont interrogés sur la nécessité de se pourvoir en justice, in primis ecclésiastique.

     Je vous prie de croire, Excellence Révérendissime, à l’assurance de mes sentiments respectueux et dévoués. Je remets notre Institut à vos prières et j’invoque Votre bénédiction, en m’inclinant pour baiser l’anneau sacré

 

                                                                       Don Stefano Carusi

                                         Directeur responsable de Disputationes Theologicae

 

________________________

S. Ecc.za Rev. ma

Mons. Augustin Di Noia

Pontificia Commissione Ecclesia Dei

Piazza del Sant’Uffizio 11

00193 Roma

 

 

En toute simplicité, sans réticences, nous avons préféré l’approfondissement par voie directe aux conjectures précipitées, que celles-ci ait été dictées par la crainte opportuniste (des « ralliés ») ou par la simplification tendancieuse (de la FSSPX).

La Commission a répondu à la question de la sorte :

 

 

PONTIFICIA COMMISSIO ECCLESIA DEI

Prot. 80/2006

 

                                                                                         Du Vatican, le 5 novembre 2012

 

Révérend Père,

    Votre lettre datée du 22 octobre, dans laquelle vous communiquiez vos préoccupations concernant votre situation à l’intérieur de l’Institut Bon Pasteur, est parvenue à cette Commission.

           À ce propos, j’ai l’honneur de vous communiquer que, le 8 mai 2012, le secrétaire de la Commission de l’époque, Mgr Guido Pozzo, a fait savoir à votre supérieur, le Révérend Philippe Laguérie, que, bien que la discussion à l’intérieur de l’Institut concernant les questions posées après la visite canonique ait été légitime, il était inopportun que de tels débats apparaissent sur des sites Internet ou dans des revues accessibles au public. Cette Commission a demandé que la vigilance soit renouvelée à ce sujet, mais sans recommander aucune mesure disciplinaire déterminée.

          Je profite de cette communication pour vous confirmer mes sentiments de respect distingué           

 

                                                                              J. Augustin Di Noia, o. p.

                                                                              Vice-président

 

Copie au Révérend Philippe Laguérie

_________

Don Stefano Carusi

18, Place Rillié

28 290 Courtalain France

 

 

     Nous remarquons que la Commission semble ne pas exclure que l’on puisse avoir un autre point de vue au sujet de certaines invitations exprimées à la suite de la visite canonique, ces invitations n’étant pas un point de vue péremptoire. Il émerge surtout que des injonctions de censure si absolues du débat autour du “rite exclusif” et de la “critique constructive”, ainsi que d’une certaine gestion peu claire du dialogue Ecône-Rome, plus que d’être un ordre direct de la Commission, provenaient en bonne partie de la courtisanerie complexée et/ou intéressée de certains représentants de notre milieu.

      Nous pensons que quelques aspects de la réponse de la  Commission peuvent être discutés: par exemple, bien que ne dédaignant pas la valeur d’une modération prudente en la matière, nous n’estimons pas que le débat public soit inopportun sur des pareilles questions doctrinales, liturgiques et ecclésiales, car il évite les ambiguïtés et les équivoques. Il s’agit en effet de questions de nature éminemment publique (entre autres déjà antérieurement parues sur Internet).

     Il n’en reste pas moins qu’un point de vue de la Commission de l’ordre du conseil a été arbitrairement amplifié pour en arriver à une véritable injonction, susceptible de sanctions. Dans un tel procédé, en soi misérable, il y a toutefois quelque chose de providentiel car il est mis en lumière un aspect, qui reste souvent délaissé entre un opportunisme craintif et un sectarisme factieux : le servilisme intéressé qui, dans le « complexe du rallié », va au-delà de ce qui est demandé. Cette flagornerie pour laquelle, malgré les circonstances actuelles, on ne distingue pas entre une loi et un point de vue, entre une obligation et un conseil. Un servilisme de façade, souvent volontiers utilisé pour « compenser » un certain extrémisme en privé, qui est parfois même inquiétant.

       Dans ce sens, l’épreuve que l’Institut du Bon Pasteur est en train de traverser sera, en tout cas, précieuse pour dévoiler les cœurs ; et non seulement (comme malheureusement cela arrive souvent dans notre milieu) les cœurs de ceux qui – cibles trop faciles – sont loin de nous…

      Ayons confiance en la Providence, qui sait ce qu’Elle fait, comme l’ont eu les séminaristes qui, dans la situation actuelle sont entrés au Séminaire de l’IBP ! Laissons faire la Providence (comme Mgr Lefèvre aimait répéter sereinement dans les circonstances les plus difficiles) ; quant à nous, essayons de coopérer avec notre contribution petite et humble de la fidélité à la ligne de la franchise respectueuse et de la critique constructive, comme nous nous le sommes proposé dès les débuts.

 

 

P.S. Le servilisme dont nous avons parlé ci-dessus a souvent, dans les milieux de sentiment traditionnel, un appendice contradictoire ou plutôt complémentaire. Il consiste en une attitude acritiquement favorable envers la Fraternité Saint-Pie X (spécialement dans le privé, et surtout quand on la connaît peu) ; FSSPX qui a certes ses raisons, mais qui devient souvent une référence idéalisée, un raccourci « virtuel » commode, une sorte de « compensation » pour ceux qui n’osent pas s’engager.

C’est aussi sur ce point que portait la censure que certains supérieurs émérites de l’Institut du Bon Pasteur voulaient nous imposer (une censure qui nous a été même formulée à partir de septembre 2011) ; « pour ne pas contrarier la Commission… », nous ont-ils dit. Plus grande est la mauvaise conscience de ses omissions et plus on est inhibé lorsque l’on parle constructivement de ces problèmes aussi. Notre revue, qui est fermement convaincue que le primat de la vérité (même quand elle est gênante) est un bien nécessaire et préliminaire pour tous (Fraternité Saint-Pie X incluse), repousse avec dédain la voie de l’opportunisme, qui défère à d’autres son devoir de témoigner.

En effet, Disputationes a parlé publiquement et sans complexes de vérités gênantes, dont quelques-unes très douloureuses. Si bien que nous nous sommes demandé, à l’époque, et nous nous demandons publiquement aujourd’hui : dans la FSSPX, où on fait toujours mine de parler publiquement, aura-t-on la capacité d’agir de façon conséquente en publiant la lettre par laquelle Mgr Fellay a obtenu le retrait du décret d’excommunication, lettre dans laquelle les deux parties ont donné deux versions différentes ? De rendre public dans les détails les résultats des discussions doctrinales, comme promis? De publier le texte « de compromis » du préambule que Mgr Fellay a signé et envoyé en avril au Saint Père? D’éclaircir le mystère de la lettre de septembre par laquelle Mgr Fellay aurait demandé un temps supplémentaire à la Commission Pontificale pour donner une réponse définitive sur le préambule – une demande publiée officiellement par la Commission elle-même – qui est en contraste criant avec la version contraire des faits donnée par Mgr Fellay à ses fidèles dans les homélies du 1er et du 11 novembre dernier, rapportées elles aussi – publiquement – sur Internet? N’est-il pas vrai que nous aimons tous la vérité et la justice? Nous attendons une réponse.


La Rédaction de Disputationes Theologicae

Partager cet article
Repost0
8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 23:04

Napoleone_Re_d-Italia.jpg

 

Après avoir prudemment attendu pour ne pas brûler les éventualités de pacification, cette libre revue, avec la même franchise avec laquelle elle a commenté d’autres événements ecclésiaux et résisté aux tentatives de censure, intervient sur la situation actuelle de l’Institut du Bon Pasteur. Nous reportons d’abord les faits, exposés dans le compte-rendu officiel du secrétaire du Chapitre qui a été transmis pour connaissance à la Commission Pontificale Ecclesia Dei ; ensuite nous publions la « Lettre ouverte à M. l’abbé Philippe Laguérie », adressée à celui-ci par le directeur de ce site.

La Rédaction 

 

 

Rev. me Commission Pontificale Ecclesia Dei,

C’est avec beaucoup de chagrin que nous nous voyons dans la nécessité d’évoquer des événements douloureux au sujet de notre premier Supérieur Général, événements que nous aurions souhaité résoudre sans qu’ils soient portés à l’extérieur de notre société.

Nous avions envisagé de vous rapporter de vive voix et de manière détaillée la situation actuelle de notre Institut. Pour cela notre nouveau Supérieur Général avait demandé à être reçu. Nous avions aussi espéré et essayé une pacification interne de cette même situation en envoyant des propositions de conciliation à M. l’abbé Laguérie. Cependant, nous avons récemment constaté qu’aucune des deux choses envisagées n’a pu se réaliser. En effet, par la lettre du 17 juillet, la Commission nous a communiqué qu’elle ne souhaitait recevoir aucun membre du Chapitre ; et en ce qui concerne l’abbé Laguérie, nous avons dû constater chez lui une attitude à la fois opposée à tout dialogue constructif et objectivement non-fiable. En effet, après les opérations électorales (dont nous faisons état intégralement ci-dessous), il a abandonné le Chapitre encore en acte, malgré les invitations à rester, à dialoguer et à s’accorder qui lui ont été adressées, mais qu’il n’a absolument pas voulu écouter.

Lorsque les travaux capitulaires étaient désormais conclus, l’abbé Laguérie a transmis ses propositions pour une conciliation de la situation (voir feuille annexe). Dans les semaines suivantes, toujours au mois de juillet, nous avons essayé d’établir un contact avec lui, dans le but de mettre en valeur pour autant que possible ces propositions, mais il s’y est refusé, sous prétexte que notre disponibilité était trop tardive (déjà en juillet!) et que ses propres propositions auraient dû être accueillies intégralement ou refusées avant la fin du Chapitre, refusant ainsi de prendre en considération ce qu’on lui avait déjà répondu : à savoir que son abandon du Chapitre et le fait de lire ses propositions envoyées par mail une fois les travaux terminés rendaient impossible une réponse plus rapide à ses propositions.

Ensuite, le même abbé Laguérie a demandé à l’abbé Perrel de le rencontrer, en spécifiant cependant qu’il ne lui aurait pas montré les documents romains auxquels il avait fait allusion sur son blog, mais auxquels il enjoignait en même temps à l’abbé Perrel de se soumettre. 

Il est évidemment déplorable qu’un document auquel tous doivent se tenir soit d’abord communiqué par allusion sur Internet, au lieu d’être envoyé aux capitulants et aux membres de l’IBP en général ; et il est évident aussi qu’un tel document doit être intégralement connu de ceux à qui il est adressé ; nous avons donc fait remarquer à M. l’abbé Laguérie que sa prétention paraissait dépourvue de sens. Selon lui, en effet, nous aurions dû nous contenter de connaître d’une façon génériquement relatée et dans le meilleur des cas par morceaux, une chose qui nous concernait directement!

L’abbé Perrel a donc demandé à l’abbé Laguérie de pouvoir le rencontrer pour lire ce document. L’abbé Laguérie a répondu qu’il ne lui montrerait pas le document, mais qu’il lui en ferait seulement lecture (intégrale ? Il n’a pas voulu spécifier) en soutenant qu’il était tenu au secret. A cela l’abbé Perrel a alors répliqué qu’un tel comportement était étrange : comment un document si secret pouvait-il être contraignant alors qu’il ne pouvait pas lui être montré ? Et s’il était si secret l’abbé Laguérie n’aurait-il pas dans tout les cas violé ce secret en en donnant la nouvelle sur son blog et en en citant des extraits dans ses mails ? Et une éventuelle lecture faite par l’abbé Laguérie en présence de l’abbé Perrel, sans que ce dernier ait pu jamais lire le texte authentique, n’aurait-elle pas violé le secret dont il était question en tous les cas ? Quelle logique y avait-il en tout cela ?

Comment pouvions-nous tenir pour indiscutablement contraignant un texte qu’on s’obstinait à ne pas vouloir nous montrer, alors que l’abbé Laguérie avait souvent varié dans ses affirmations, comme le montre l’ensemble du présent document ? Il avait d’ailleurs déjà soutenu (et même confirmé par écrit) des choses peu crédibles, comme par exemple le fait que cette Commission Pontificale aurait formellement enjoint la censure et le retrait de certains articles d’un site internet libre, site qui par ailleurs déclare explicitement ne pas être un organe de l’IBP. 

Plus tard, l’abbé Laguérie a communiqué à l’abbé Perrel avoir reçu de cette Commission l’autorisation de faire connaître le texte, et il déclarait donc le lui envoyer par mail. L’abbé Perrel a alors communiqué à l’abbé Laguérie sa disponibilité à le rencontrer, à lire ensemble les documents, et à en parler ensemble, comme il l’avait souhaité précédemment. 

En réponse à cette proposition, l’abbé Laguérie a ajouté une série de conditions : le lieu et la date, non pas d’une rencontre, mais de la convocation de l’abbé Perrel, auraient dus être choisis unilatéralement par lui-même (…) et, de plus, il enjoignait au même abbé Perrel de ne pas se présenter en compagnie d’un prêtre déterminé, membre de l’IBP, comme accompagnateur, tout ceci sur un ton arrogant et fortement provocateur.

L’abbé Perrel a donc exprimé à l’abbé Laguérie que, pour qu’une rencontre se déroule dans un climat de dialogue, elle doit se concorder ; il ne songeait pas lui-même à poser aucun veto à l’abbé Laguérie au sujet de l’accompagnateur qu’il aurait choisi, et qu’il estimait donc pouvoir jouir lui-même d’une liberté semblable ; mais l’abbé Laguérie s’obstinait à imposer tous et chacun des points comme autant de conditions sine qua non, ceci confirmant son attitude récente, n’ayant rien de constructif. 

Donc, étant donné l’avis de cette Rev. Commission dans sa communication du 17 juillet dernier, de « ne pas retenir opportun en ce moment de recevoir aucun des membres du Chapitre », et en considération de l’attitude prévaricatrice et non constructive de l’abbé Laguérie, qui a rendues vaines nos espérances d’une résolution de la situation dans l’immédiat, nous nous voyons désormais obligés de recourir au présent moyen, quoique imparfait, pour exposer de manière complète – en prolongement de notre précédent envoi – la situation en question.

 

***

 

[Déroulement du Chapitre]


Le Chapitre s’est ouvert dans la matinée du lundi 2 juillet, avec les votes sur les modalités du scrutin. Nous faisons remarquer que l’abbé Laguérie guidait alors à ce moment les discussions du chapitre en sa qualité de Supérieur Général, avant de démissionner – soulignons-le – le 3 juillet, donc avant son éventuelle réélection controversée. 

Le 3 juillet, l’abbé Laguérie use alors de sa forte influence sur les opérations préélectorales en guidant les discussions, avec l’aide de l’abbé Héry, son assistant, pour que fusse pris en considération le fait que l’abbé Navas avait transmis des bulletins de vote par l’intermédiaire de l’abbé Pinzon. L’abbé Laguérie invitait à une interprétation large des statuts pour permettre de prendre en compte le vote de l’abbé Navas.

Des doutes ont alors été soulevés, parce que l’abbé Laguérie connaissait depuis la fin du mois de juin l’envoi de tels bulletins par l’intermédiaire d’un capitulant, et qu’il n’en avait informé le Chapitre qu’après son ouverture, la chose ne figurant même pas à l’ordre du jour. L’abbé Laguérie a alors encore insisté et l’on a procédé au vote du Chapitre, qui a accepté que le vote de l’abbé Navas puisse être exprimé, au moyen des bulletins apportés par l’abbé Pinzon. 

Une nouvelle enveloppe est ensuite arrivée de Bogotá. L’abbé Laguérie, qui guidait encore les discussions, a insisté pour que l’on prenne en considération ces nouveaux votes par correspondance, et que lui-même avait sollicités auprès de l’abbé Navas dans les jours qui avaient précédé le chapitre. Dans ce climat, il n’a pas été procédé à un vote quant à l’acceptation des nouveaux bulletins, mais ceux-ci ont été substitués aux précédents par le canoniste.

 

Dans l’après midi, le Supérieur Général sortant, M. l’abbé Laguérie, a posé sa démission ainsi que tout le reste du conseil (charges qui, en l’absence d’une telle démission, auraient dû continuer jusqu’au 8 septembre 2012). Le chapitre a donc pu procéder aux élections, la présidence du chapitre étant désormais intégralement prise en charge par moi-même, secrétaire général sortant et secrétaire du chapitre.

Le premier scrutin a alors eu lieu, avec les résultats suivant :

 

Nombre de capitulants présents : 11 (total de 12 votants en raison du vote de l’abbé Navas).

 

Résultats du premier tour :

Abbé Philippe Laguérie 6 voix

Abbé Roch Perrel 5 voix

Abbé Guillaume de Tanoüarn 1 voix

 

Résultats du second tour :

Abbé Philippe Laguérie 6 voix

Abbé Roch Perrel 6 voix

 

Accèdent au troisième tour les abbés Philippe Laguérie et Roch Perrel.

 

Résultats du troisième tour :

Abbé Philippe Laguérie 6 voix

Abbé Roch Perrel 6 voix

 

M. l’abbé Philippe Laguérie est élu supérieur général de l’Institut du Bon Pasteur, au bénéfice de l’ancienneté.

Il accepte la charge.

M. l’abbé Carusi adresse au secrétaire du Chapitre une réclamation concernant la validité de l’élection, en raison d’un vice de forme dû à l’adoption de nouveaux bulletins de vote de l’abbé Navas, reçus par la poste après l’ouverture du Chapitre, sans aucune signature ni lettre d’accompagnement, et sans que l’acceptation de ces nouveaux bulletins n’ait été soumise à l’acceptation du Chapitre.

L’abbé Pinzon se dit très étonné parce que dans les bulletins qu’il avait consignés apparaissait le nom de l’abbé Aulagnier, qui n’a obtenu aucune voix avec les nouveaux bulletins.

Au début de la session suivante du Chapitre, le mercredi 4 juillet 2012 à 9h, l’abbé Carusi conteste la validité de cette élection, appuyé par plusieurs capitulants, et demande de soumettre l’annulation de l’élection au vote du Chapitre pour vice de procédure : le vote concernant la demande de l’abbé Navas approuvait la prise en compte des bulletins « qu’il a émis et qu’il a communiqués par l’abbé Pínzon Vélez ». Or ceux qui ont été pris en compte sont d’autres bulletins, reçus par la poste dans l’après-midi. D’autre part, ces seconds bulletins ont été reçus par le Chapitre après son ouverture ; ils n’étaient accompagnés d’aucune lettre explicative, ni même d’une signature quelconque de l’abbé Navas. Suivent les discussions des capitulants. Tous interviennent un par un sur le sujet.

La séance est alors suspendue durant 20 minutes. Au retour, l’abbé Laguérie déclare quitter l’assemblée capitulaire, malgré les invitations à rester qui lui sont adressées, à cause de l’impossibilité de gouverner qu’il déclare évidente et en disant « je vous laisse détruire l’IBP, les nouveau chefs détruiront l’IBP, je ne peux pas gouverner cet Institut ». Il quitte ensuite l’assemblée. Suite aux phrases mentionnées, qui ont la saveur d’une démission, l’abbé Laguérie a aussi affirmé, juste en sortant, qu’il partait sans pour autant donner sa démission, puisqu’il venait d’être réélu ; or mise à part la contradiction de cette dernière phrase avec ce qu’il avait dit juste avant, et avec le fait constitué par son abandon du Chapitre, il faut souligner que cette éventuelle non-démission contradictoire regardait sa prétendue réélection du jour précédent : comme nous l’avons rappelé plus haut, il avait en effet démissionné le 3 juillet de son titre de Supérieur Général – comme le prévoyait l’ordonnance préparatoire du chapitre – titre qu’il avait reçu par décret de S. Em. le Card. Castrillon Hoyos. C’est en raison de cette démission formelle du 3 juillet que nous avons donc considéré que l’unique titre éventuel pouvant être revendiqué était celui lié à l’élection controversée du 3 juillet, et non à un titre antérieur.

L’abbé Héry déclare à son tour quitter le Chapitre, pour raisons de santé, à cause de la difficulté à supporter les débats. Ce qu’il fait.

11 h 55 : la session est suspendue par le Secrétaire du Chapitre

15 h : ouverture de la session

 

 

Lettre de l’abbé Laguérie

Le P. Pocquet du Haut-Jussé, canoniste, lit une Lettre du Supérieur général, qui lui a été laissée à midi par M. l’abbé Laguérie. Celui-ci y annonce sa démission du Chapitre général et son refus à l’avance de toute responsabilité que lui confierait le Chapitre :

« Abbé Ph. Laguérie.

Je démissionne de ce chapitre général (2-… juillet 2012). Je refuse à l’avance toute responsabilité qu’il déciderait de me confier.

Fait à Courtalain, Mercredi 4 juillet 2012

Abbé Philippe Laguérie, fondateur et sup. général »

 

Le Chapitre Général, étant l’autorité suprême de l’Institut, et constatant la présence des deux tiers des ayant droits – l’abbé Laguérie ayant démissionné de sa charge reçue du Card. Castrillon Hoyos et ayant paru aussi démissionner oralement et par le moyen de la lettre consignée au canoniste (éventuelle réélection) – établit de continuer ses activités, même après l’abandon des deux capitulants, les abbés Philippe Laguérie et Christophe Héry, pour le bien suprême de la société.

Le chapitre prend acte que, en plus des problèmes cités, la procédure d’admettre un vote par correspondance, si la pratique n’est pas prévue par les statuts, est contraire au canon 167.

Le chapitre exclut donc de faire recours à un vote par correspondance ou par délégation, en établissant que seuls les présents auront droit au suffrage.

 

Le Chapitre vote et approuve la motion suivante :

« Le Chapitre général considère comme nulle l’élection du Supérieur général qui a eu lieu le mardi 3 juillet, à cause d’un vice de forme ».


Le Chapitre informe la Commission Pontifical Ecclesia Dei ; il approuve la motion suivante :

« Le Chapitre général souhaiterait obtenir un avis de la Commission Ecclesia Dei, tant qu’il est en acte, avant de procéder à l’élection du Supérieur Général et de son Conseil ».

 

Le Chapitre informe donc la Commission Pontificale Ecclesia Dei de ce qui s’est passé et prévoit de renvoyer l’élection au lendemain à 15 h pour pouvoir laisser un espace de temps congru afin que la Commission puisse envoyer des conseils éventuels tant que le capitulants sont encore tous réunis (certains membres de l’Amérique Latine ayant déjà prévu leur billet de retour).

 

Texte de la communication envoyée le 4 juillet à la Commission :

« Mercredi 4 juillet 2012.

Le Chapitre général de l’Institut du Bon Pasteur informe la Rev. Commission Ecclesia Dei que suite à l’invalidité de l’élection du 3 juillet 2012, il ne peut communiquer à la Rev. Commission les résultats de l’élection du Supérieur général avant le 5 juillet 2012.

Le Chapitre informe aussi la Commission qu’au moment de la contestation de la validité de cette élection, l’abbé Philippe Laguérie s’est retiré dans des circonstances d’abandon du Chapitre. De la sorte, la Commission est informée des raisons pour lesquelles les résultats ne pourront lui parvenir qu’avec retard, et pourra aussi, si elle l’estime utile, nous communiquer quelque avis.

Le Chapitre continuera à procéder selon l’ordre du jour, qui prévoit désormais l’élection pour le jeudi 5 juillet à 15h ».

 

Le matin suivant, le Chapitre vote et approuve la proposition suivante :

« Le Chapitre général autorise le Secrétaire du Chapitre à prendre contact immédiatement avec l’abbé Laguérie pour savoir s’il a une communication à faire au Chapitre ».

Le Secrétaire général prend contact avec l’abbé Laguérie, qui refuse de communiquer quoi que ce soit au Chapitre général.

A 15 h, en qualité de Secrétaire je consulte les mails, après avoir téléphoné pour vérifier s’il n’y avait pas d’éventuelles indications de la Commission Pontificale, et l’on procède à l’élection du Supérieur Général.

 

 

Election du Supérieur général.

Nombre de capitulants présents : 9 votants.

Résultats du premier tour :

Abbé Roch Perrel               8 voix

Bulletin blanc                                 1 voix

 

M. l’abbé Roch Perrel est élu supérieur général de l’Institut du Bon Pasteur, avec deux suffrages de plus par rapport à la parité du précédent scrutin, en obtenant les deux tiers des ayants droit, et les huit neuvièmes des présents.

Il accepte la charge.

 

Election du premier conseiller, premier assistant et vicaire général.

 

Résultats du premier tour :

Abbé Paul Aulagnier                      8 voix

Abbé Yannick Vella                        1 voix

 

M. l’abbé Paul Aulagnier est élu premier conseiller, premier assistant et vicaire général de l’Institut du Bon Pasteur.

Il accepte la charge.

 

Election du second conseiller, second assistant.

Résultats du premier tour :

Abbé Leszek Kròlikowski                6 voix

Abbé Yannick Vella                        3 voix

 

M. l’abbé Leszek Kròlikowski est élu second conseiller, second assistant de l’Institut du Bon Pasteur.

Il accepte la charge.

 

Election du troisième conseiller.

Résultats du premier tour :

Abbé Yannick Vella                        4 voix

Abbé Stefano Carusi                      4 voix

Abbé Louis-Numa Julien 1 voix

 

Résultats du second tour :

Abbé Stefano Carusi                      5 voix

Abbé Yannick Vella                        4 voix

 

M. l’abbé Stefano Carusi est élu troisième conseiller de l’Institut du Bon Pasteur.

Il accepte la charge.

 

 

Election du quatrième conseiller.

Résultats du premier tour :

Abbé Louis-Numa Julien             4 voix

Abbé Philippe Laguérie                1 voix

Abbé Jose-Luis Pinzón Vélez         1 voix

Abbé Yannick Vella                      1 voix

Abbé Vincent Baumann                1 voix

Abbé Matthieu Raffray                  1 voix

 

Résultats du second tour :

Abbé Louis-Numa Julien             5 voix

Abbé Yannick Vella                    1 voix

Abbé Jose-Luis Pinzón Vélez       1 voix

Abbé Vincent Baumann               1 voix

 

M. l’abbé Louis-Numa Julien est élu quatrième conseiller de l’Institut du Bon Pasteur.

Il accepte la charge.

 

Le Chapitre communique à la Commission :

« Le Chapitre général de l’Institut du Bon Pasteur communique à la Rev. Commission Ecclesia Dei l’élection du Supérieur général et des membres du Conseil général de l’Institut.
Sont élus :

Supérieur général, M. l’abbé Roch Perrel ;
Premier assistant, M. l’abbé Paul Aulagnier ;
Deuxième assistant, M. l’abbé Leszek Krolikowski ;
Troisième conseiller, M. l’abbé Stefano Carusi ;
Quatrième conseiller, M. l’abbé Louis-Numa Julien.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de recevoir l’expression de notre dévotion filiale,
Le Chapitre général de l’Institut du Bon Pasteur, réuni à Courtalain, le 5 juillet 2012 ».

 

Une fois le Chapitre terminé, tous les membres reçoivent alors la lettre que l’abbé Laguérie avait envoyée pour faire des propositions de “possibilité de conciliation” (voir annexe), dans lesquelles entre autre il déconseillait de faire un recours à cette Commission pour les raisons qu’il expose, et dont vous pouvez prendre connaissance dans l’annexe, écrite par l’abbé Laguérie.

Ayant ainsi informé la Rev. Commission des faits et des éléments en cause, en particulier le fait de la démission formelle de M. l’abbé Laguérie de ses charges antérieures à l’élection controversée, nous pensons que seront clairs aux yeux de la Commission, au vu des faits présentés, les motifs qui nous ont conduits à estimer ne pas pouvoir procéder d’une autre manière que ce que nous avons fait.

Nous restons en l’attente confiante de vos communications et de l’envoi direct des documents qui concernent l’IBP, n’ayant toujours pas pu en faire de lecture directe, ni voir avec certitude les originaux.

Avec nos prières dévotes à la Très Sainte Vierge Marie, Mater Ecclesiæ, et avec observance.

 

                             Don Leszek Krolikowski  

 Secrétaire du Chapitre de l’Institut du Bon Pasteur

 

 

***    

 

 

LETTRE OUVERTE A M. L’ABBE PHILIPPE LAGUERIE

 

                                                                                                      Courtalain, le 21 septembre 2012

 

Cher m. l’abbé Philippe Laguérie, Supérieur Générale (émérite) du Bon Pasteur,

 

            Votre comportement nous désole de plus en plus, vous venez au séminaire pour enlever par écrit les droits électoraux actifs et passifs à monsieur l’abbé Perrel, votre concurrent, et vous dites que vous cherchez la paix. Depuis longtemps je voulais répliquer, mais j’ai attendu, pour ne pas fermer la porte à la possibilité des signes de paix et de bon sens, maintenant cependant vous avez passé toutes les limites de l’humaine tolérance. Fecerunt desertum et appellaverunt pacem.

Et maintenant vous attaquez encore le séminaire, en disant qu’il « s’oppose à Rome », voilà votre unique argument en ces semaines, celui qui sert le plus vos intérêts personnels.


Votre hilarante déclaration d’ hyper-romanité

Vous avez écrit un incroyable « communiqué des fondateurs». Voilà celui qui se vantait jusqu’à hier de l’occupation de S. Germain l’Auxerrois et de ses attaques contre la « Rome moderniste », en compagnie du grand instigateur des Sacres de 1988, signer un document si onctueusement servile, qu’à Rome aussi on aura dû faire effort pour ne pas rire. Personnellement, je vous l’avoue, je n’y suis pas arrivé, j’ai ri, je l’admets. Ne me punissez pas davantage pour cela, déjà vous m’avez nommé (de quel droit ?) au Centre Saint Paul, qui - si je ne me trompe pas - est ce centre culturel Rue S. Joseph, sans doute érigé et toujours géré dans le plus grand respect du droit ecclésiastique positif, qui vous est devenu si cher d’un coup. Ce Centre que vous vouliez rayer de la carte - avec son dirigeant - en juin dernier et que l’économe général voulait exclure de la cultuelle parce que non érigée canoniquement . Rappelez-vous…messieurs les abbés…à vos propos colériques et passionnés  il fut répondu que ce n’était pas honnête - malgré tout - de se débarrasser ainsi du Centre de S. Paul après l’avoir longtemps utilisé. Mais depuis vous avez fait la paix…Déjà l’Evangile nous parle d’amitiés qui se recomposent vite…c’était un Vendredi Saint, le temps de traverser Jérusalem et l’amitié était refaite. 

Par ce texte (…) vous vous autoproclamez, en compagnie d’autres hyper-romains - il n’y a qu’à lire leur histoire - « interprète authentique » des Statuts. Vous vous présumez aussi de la signature d’un autre « fondateur-interprète » : il est sorti de l’IBP en claquant la porte.  Que depuis le diocèse de Toulon on puisse « interpréter authentiquement » les Statuts de l’IBP, vraiment je n’y  aurais jamais songé.

M. l’abbé, donnez-nous la liste de ces « interprètes-fondateurs », parce qu’elle est à géométrie variable : vos rapports turbulents avec l’abbé Prieur ont déterminé sa disparition de la liste en question. Dites-nous aussi jusqu’à quand on peut rester « fondateur-interprète », serait-ce une charge à vie même si on quitte l’IBP ? Si demain un « fondateur-interprète » avait à partir de l’IBP, faudra-t-il qu’on lui demande toujours avis aux sujets des Statuts, en suivant ses évolutions doctrinales ? Ne serait-ce pas là un immanentisme doctrinal moderniste, au pire sens de la « tradition vivante » et changeante aux différentes époques…et, avouons-le, selon l’utilité du moment ?

Pardonnez-moi M. l’abbé, mais je ne vois aucune cohérence dans l’ « interprétation authentique » de l’abbé Aulagnier sur le Novus Ordo, appelé « Messe de Luther » dans les publications de son site, et les évolutions liturgico-doctrinales de l’autre « interprète-fondateur », m. l’abbé de Tarnouarn, sur le site duquel on peut lire ce titre : « Mais si l'on préfère présomptueusement et témérairement un rite particulier à l'unité et à la paix, fût-on personnellement bon, saint et digne d'éloges, on mérite pourtant condamnation ». Sur la conciliation des deux positions contradictoires je vous laisse, sans trop d’espoir, unique « interprète authentique » : si au lieu de vous remplir la bouche de « Rome », « Rome », « Rome » vous vouliez bien nous dire laquelle de ces deux positions correspond à votre pensée je vous serais redevable.

Est-ce bien la signature de l’abbé Aulagnier celle qu’on lit ? Est-ce bien le même qui appelait encore récemment l’accordiste Dom Gérard « race de Juda » ? Iam parce sepulto. L’abbé Aulagnier est-ce bien le dernier prêtre qui a rejoint le Bon Pasteur, à savoir en novembre 2011 ? Il s’agit bien de celui qui, avant cette date récente écrivait encore sur internet qu’il était « membre de la FSSPX » ? Et si l’autorité compte plus que la vérité, que faisiez-vous à la FSSPX qui a résisté à la suprême autorité de l’Eglise ? S’agit-il bien de celui qui encore en juin 2011 (!) disait : «tout en ayant aidé la fondation, je ne veux pas m’incardiner à l’IBP parce que si la FSSPX fait un accord je rentre chez eux. L’IBP est instable et ne me donne aucune confiance à cause des abbés Laguérie et Tarnouarn » ? Au point que les professeurs du séminaire - qui, ne serait-ce que par honnêteté envers les séminaristes, l’avaient déjà assumé ce « risque » de s’incardiner - lui ont fait remarquer qu’une société de vie sacerdotale n’est pas à identifier avec la personne de son supérieur pro tempore.

L’abbé Aulagnier qui, en 1988, refusant toute  proposition du Cal Ratzinger, disait : « A Rome, on a une pensée théologique et philosophique contraire à la pensée de l'Église. J'ai peur de cet accord; je crains la ruse du démon, de l'ennemi. (…) Je crains le Bureau romain. ''J'adhère à la Rome catholique, je refuse la Rome moderniste", qui risque d'être le Léviathan qui nous dévore », est-ce la même personne qui nous parle maintenant si onctueusement de « Rome », « Rome », « Rome » et de fidélité absolue au droit positif ? Tout cela fait rire le monde entier…et les fonctionnaires romains peut-être aussi. Lui, qui pour éviter les risques d’une fondation est rentré au Bon Pasteur il y a seulement quelques mois - juste à temps pour voter au Chapitre - c’est assez ridicule.

Et je passe sur l’aussi hilarante auto-citation de l’abbé Laguérie - Cicero pro domo sua, encore du personnalisme exacerbé de l’autorité - devenu « herméneute unique et authentique des Statuts ». Encore de l’auto-proclamation.  Nous avons compris, n’insistez pas.

La mesure est comble, et je réplique donc après avoir attendu très longtemps, obligé désormais non pas à cause de votre acharnement à mon égard, mais parce que je dois prendre acte de votre prétendue et ridicule épuration à l’encontre de votre concurrent de ce matin ; parce que vous vous obstinez dans cette ligne destructrice. L’ancien héritage jacobin des fondateurs revient avec les listes de proscription qui sont déjà affichées : moi-même, très « canoniquement » nommé dans une maison qui « canoniquement » n’existe pas ; l’abbé Perrel « déclaré » inéligible, parce qu’il n’acquiesce pas à vos prétentions et menacé d’autres punitions. Robespierre docet. Et je ne peux pas croire que Rome soutienne des procédés pareils, comme vous le laissez entendre.


Le déroulement du Chapitre

Je réplique donc publiquement que monsieur l’abbé Philippe Laguérie a été refusé deux fois par notre société : la deuxième fois par l’élection de l’abbé Perrel avec 8 voix sur 9 présents (c'est-à-dire les deux tiers des ayants droit) ; mais refusé déjà dans la première votation, dans laquelle, même en ayant tout fait pour récolter les voix de la dernière heure, l’abbé Laguérie est arrivé à la parité au troisième scrutin (six à six avec l’abbé Perrel, donc présumée élection par ancienneté). Mais précisons que pour arriver à parité il a fallu ajouter comme électeur l’abbé Aulagnier, vite incardiné quelques mois auparavant ; sans parler de la trouvaille du bulletin : d’abord on nous fait voter pour que les votes de l’abbé Navas, détenus l’abbé Pinzon, soient admis et le Chapitre accepte, mais pour se retrouver ensuite face à l’arrivée d’un autre enveloppe par la poste que vous faites substituer aux précédents sans aucune votation, alors que ce même abbé Laguérie présidait les discussions du Chapitre - en même temps juge et partie - et avec l’aval du canoniste indiqué à l’époque par vous-même et approuvé par Mgr Pozzo dans sa lettre. Ce même bulletin que Rome déclare illégitime, étant un procédé canoniquement inadmissible, selon les papiers que vous-mêmes faites circuler.

Ce bulletin, après être arrivé sans aucune lettre ni signature, et contenant quatre feuilles avec nominatif alors qu’il n’y avait que trois scrutins, étant passé d’une poche à l’autre du canoniste (!) - qui en d’autres domaines, il faut le dire, a montré mieux maîtriser le droit canon - aurait permis une apparente parité ; alors que son acceptation était proposée - en évident conflit d’intérêts - par celui qui était juge et partie. Le Chapitre a ensuite déclaré la nullité d’un acte illicite, en informant le Saint Siège avant de procéder à nouvelle élection. Et à présent le décret romain du 18 juillet semble lui aussi, en répétant presque mot à mot ce que le Chapitre avait constaté, déclarer nulle et non avenue votre élection illicite. Ce bulletin qui, avec l’inscription en dernière minute de l’abbé Aulagnier, vous a permis d’arriver à parité, est un bulletin illégitime et inutilisable.

N’oublions pas que votre premier irresponsable recours - mis sur internet avant d’être communiqué aux capitulants et aux membres de notre société, sans se soucier de ses dégâts - réclamait votre titre de Supérieur en raison de la validité de cette élection que le Chapitre n’aurait pas pu défaire. Non, ce n’est pas un acte du Chapitre, c’est un acte juridiquement nul et non avenu par vice de forme : cette votation illicite était non seulement contraire aux plus élémentaires normes de la justice, mais aussi au canon 167. Ce que nous vous avons dit - à vous et au canoniste qui avait oublié ce canon - pour qu’on procède à une autre élection. Election que vous auriez désormais perdu cinq à six et voilà que vous abandonnez le Chapitre, n’affabulez pas s’il vous plaît.  

Je suis obligé de dire que Rome « semble » confirmer ce jugement d’une évidente justesse porté par le Chapitre, parce que ce matin vous me montrez d’abord une photocopie, en me refusant l’original, et seulement suite à mon insistance vous me donnez un autre texte ; parce que l’ensemble des capitulants n’a pas encore vu ce décret, qui, le 18 juillet, vous aurait été envoyé (avec l’appellation de « m. l’abbé », mais peut importe), pour que vous le transmettiez aux capitulants. Transmettre aux capitulants - je le répète - et tout de suite, voilà ce que demande le Saint Siège.

Pendant un mois et demi ce texte ne nous est pas accessible, et on nous demande en même temps de nous y soumettre sans que nous le connaissions ! Vous vous moquez de qui, en parlant de désobéissance aux décrets ? Nihil volitum nisi praecognitum ; vous nous empêchez l’accès aux documents de Rome, et vous nous accusez de révolte. On voit bien votre respect des indications romaines et vos intentions cachées. A présent toute notice que j’ai de ce texte, m’est transmise par vous - juge et partie une fois de plus - et l’ensemble des capitulants n’a pas encore eu copie de toute la documentation. Où est-t-il votre compte-rendu des faits envoyé à Rome ? On ne connaît pas ce que vous avez raconté à Rome pour obtenir - chose assez singulière - un éventuel décret « inaudita altera parte ».

Et permettez cette remarque passagère : cher m. l’abbé, pour un Supérieur sortant être « élu par ancienneté » (et après ces manœuvres !) équivaut moralement à une défaite, cela n’aurait-il pas dû, sans multiplier les recours à internet et les recours canoniques, vous dissuader de chercher le pouvoir à tout prix ?


Votre abandon du Chapitre

L’issue des votations successives étant devenu claire - non seulement parce que vous auriez perdu cinq à six sans le « bulletin volant », mais aussi parce que cet acte illicite avait dégouté les présents, qui ont voté au nombre de 8 sur 9 l’abbé Perrel par la suite - vous abandonnez le Chapitre. Vous abandonnez le Chapitre, avant tout choix et toute votation, dès que vous voyez l’ambiance devenue défavorable à votre réélection.

Oh que c’est beau de voir un chef abandonner sa société, surtout quand celle-ci s’appelle « du Bon Pasteur »! De vous entendre dire : « je vous laisse détruire l’IBP, je ne peux pas vous gouverner, je vous laisse faire ». Mais là aussi vous ne maintenez pas votre parole et vous faites des déclarations internet. En vue de quel bien ?


Avez-vous jamais cru à l’IBP ?

Vous avez été mis en minorité, la société ne vous a pas réélu. Un chef qui aime sa société dit « que je meure pour que le Bon Pasteur vive ». Un bon chef se retire en bon ordre en démontrant qu’il aime l’IBP, en montrant ainsi que la FSPPX avait tort lorsqu’elle disait que l’abbé Laguérie avait fondé l’IBP sans y croire, seulement parce qu’il ne savait plus où se refugier. En effet, vous vous rappelez monsieur l’abbé ? Vous nous disiez en conférence « je ne savais pas où aller et il fallait bien faire quelque chose ». Et récemment vous disiez encore dans un entretien avec Mgr Gaillot (!) que vous n’étiez pas pour que la FSSPX signe un accord. Mais alors, avez-vous cru à ce que vous avez fait ? Ou vraiment les seules circonstances vous ont conduit à écouter les propositions du Cal Castrillon, délégué par le Pape Benoit XVI, qui est peut-être plus que d’autres fondateur de cet Institut.

Vous vous souvenez quand vous nous disiez que vous ne renonciez pas au poste de curé de S. Eloi (malgré la nouvelle nomination) et que vous en aviez gardé la charge sur le papier, parce que, « si tout sautait », vous auriez gardé une place chaude ? Vous vous mettiez à l’abri en laissant votre troupeau aux intempéries ! Quel Pasteur ! Bel exemple de dévouement. Et maintenant pour vous sauver vous-même, vous faites des proclamations ultra-romaines sur la spécificité de l’IBP, mais en cachant sagement l’ « exclusive », dont vous ne parlez plus depuis un certain temps, et la « critique constructive », opportunément occultée aussi depuis un an environ, comme à la conférence de juin dernier, qui a scandalisé tous les séminaristes (moi je n’y était pas, parce que je connaissais le refrain depuis le 20 juillet 2011, je l’avais entendu dans le bureau de Mgr Pozzo. Vous vous souvenez ?). 

D’autres ont cru au Bon Pasteur et y croient fermement, parce qu’ils ne se reconnaissaient pas dans la FSSPX ni dans la FSSP, en raison de l’idéal qu’ils avaient.

Vous vous souvenez de ce soir du 3 juillet, après votre apparente réélection, quand on cherchait à me faire taire sur l’irrégularité du bulletin ? Vous me parliez de mon éventuel poste de conseiller, d’assistant même. Et là vous n’arrêtiez pas de tisser les éloges de ma personne. Si j’avais accepté vous seriez maintenant Supérieur et moi assistant. Je n’ai pas accepté et maintenant vous me traitez de tous les noms, après les flatteries adulatrices de ce soir-là.


Et maintenant à nouveau « Supérieur Général »

Et maintenant vous nous dites être Supérieur Général « au dire de tous les canonistes ». Dites-nous où vous trouvez tous ces canonistes toujours d’accord avec vous, ou sinon citez les canons et la jurisprudence, sinon la justice. Ils étaient tous d’accord quand vous étiez incontestablement élu au premier tour. Ils étaient tous d’accord quand vous deveniez en juillet « Délégué Apostolique »  (là aussi, leur connaissance du droit semble un peu désuète…) et maintenant vous redevenez « Supérieur Général » par décret du Cal Castrillon de 2006, charge de laquelle vous avez formellement démissionné le 3 juillet, comme vous a justement signifié  l’abbé Raffray.

Comprenez notre hésitation à reconnaître toutes vos variations, le droit n’étant pas - selon vos propres mots - une « peau de lapin » qu’on tirerait dans tous les sens.  


Quelle cohérence?

A Rome aussi on doit rire en lisant vos serviles déclarations d’amour à toute autorité ecclésiastique et à tout droit ecclésiastique positif. Le curé incontrôlable de Saint Nicolas du Chardonnet, à coté de « l’homme des Sacres de 1988 » et de l’abbé de Tarnouarn, celui de « Vatican II et l’Evangile », celui dans le site duquel on écrit « si l'on préfère présomptueusement et témérairement un rite particulier à l'unité et à la paix, fût-on personnellement bon, saint et digne d'éloges, on mérite pourtant condamnation », et qui doit être un homonyme de celui qui, à Notre Dame de Vignemont le 4 juin 2011, donnait la communion en cotta et étole à un mariage probablement invalide, pendant la messe d’un sédévacantiste (un vrai cette fois…), douteusement ordonné et qui déclare Benoit XVI (pardon, « l’abbé Ratzinger ») être un imposteur hérétique. A propos, quel Supérieur d’un Institut de droit pontifical dirigeait la chorale de ce même « mariage » sédévacantiste ? Comment peut-on faire une chose pareille ? « Il faut tirer les conséquences d’un accord avec Rome », pontifiez-vous sans rougir dans votre récente proclamation. Medice cura teipsum. Voilà les leçons d’obédience romaine et d’ecclésialité que vous avez donné à votre société. S’agit-il de la même personne qui a tourné sa veste pour garder le pouvoir ?  Croyez-vous vraiment qu’à Rome on va penser que vous êtes devenu un docile agneau qui ne boit que l’eau du Tibre et du vin Château-Gandolphe ?

Cher Monsieur l’abbé, vous changez souvent d’idée. Où sont-elles les phrases conquérantes (et fort peu « ecclésiales ») que nous tous avons entendu au Chapitre, en campagne électorale : « et maintenant on va s’installer partout même sans la permission des évêques » ? Cela aussi  vous l’avez relaté à Rome? Où est la romanité ? Et le respect du droit et de la divine constitution de l’Eglise ? (…) Sans multiplier les exemples, que votre installation à Poitiers en siège vacant suffise, ce qui nous a valu la compréhensible réprobation de tout l’épiscopat français - comme S. Em. le Cal Ricard nous l’a rappelé maintes fois en visite canonique.

L’IBP doit respecter la constitution de l’Eglise et poursuivre sa bataille liturgique et doctrinale et non, au contraire, braver la juridiction des évêques et céder, comme je le dirais plus bas, sur sa raison d’être et ses spécificités. Voilà notre service à l’Eglise au-delà des déclarations d’amour intéressées des « interprètes-fondateurs ».

Est-ce le même abbé Laguérie, activement présent au « mariage » sédévacantiste, celui qui envoie un mail (23 mars 2012, 10 h 52) à ses prêtres, en les invitant à accepter les conseil de Mgr Pozzo d’enlever l’« exclusive » et convertir la « critique constructive » en se contentant de l’herméneutique de continuité et rien de plus ? Es-ce le même ? Quel est le vrai Laguérie ? Vous avez appelé par écrit ces demandes de Mgr Pozzo à l’IBP une « Bonne Providence » (!) pour tous. On ne pouvait même plus écrire librement « Le rite propre et l’herméneutique de continuité sont-ils suffisant ?». Mgr Pozzo en demande la censure (vous m’écrivez) et vous exécutez. Et dans ce mail collectif que je viens de citer vous avouez sans gêne que ce texte de Mgr Pozzo a accueilli ce que vous aviez vous-même proposé ( !), et vous concluez le mail avec une éloge de la nouvelle conquête : le « proprie » à la place de l’ « exclusive » ! Et je m’arrête pour des raisons de place, sans citer vos propos aux prêtres présents dans l’après-midi du 2 février dernier. Décidément vous ne manquiez pas de culot et vous continuez à en avoir.  

 

Vos contradictions

Un jour vos éloge de la Commission Ecclesia Dei dépassent la flatterie (enlever l’ « exclusive » serait une « Bonne Providence » ( !),  le lendemain vous nous écrivez au sujet d’Ecclesia Dei, en nous disant qu’il faut être uni contre « nos communs ennemi » (relisez votre Lettre au Chapitre, après votre abandon). Combien de foi changez-vous d’avis en passant d’un extrême à l’autre ? Ou vous changez simplement de registre selon l’interlocuteur ? Où est-il le commun dénominateur de vos actions, à part votre pouvoir personnel ? Quelle crédibilité fournissez-vous non seulement à nous, mais à la Commission elle-même, qu’aujourd’hui vous encensez et qu’hier vous méprisiez par écrit.

Ou plutôt vous n’aimez que vous-même (et quelques proches) et vous êtes prêt à tout, pourvu que le chef soit vous. Pouvons-nous rester avec un chef disposé à tout pourvu que son pouvoir personnel soit sauvé ? Ne faisons pas rire sur notre dos. Mais il y en a eu à l’IBP pour y croire, et qui y croient encore. Vous, vous n’y avez jamais cru, sinon vous n’agiriez pas ainsi.

Comment disait-il l’abbé Aulagnier au sujet de Dom Gerard ? « Race de Juda » ? Espérons seulement, chers abbés, que vous soyez aveuglés au point de ne pas voir chez vous ce vous condamniez chez les autres… à moins que tout ne devienne licite, pourvu que ce soit vous qui le fassiez.

Cher M. l’abbé Laguérie, vous n’êtes pas Superieur Général, vous avez donné les démissions le 3 juillet, et en outre, le 8 septembre vous avez perdu le titre coloré que le décret du Cal Castrillon vous permettait. Deux fois la société vous a refusé, deux fois, démontrez que vous méritez de l’estime par ailleurs. Vous voulez le pouvoir à tout prix, vous avez fait venir un bulletin invalide, vous avez vite fait venir l’abbé Aulagnier parmi les électeurs, donc de votes vous n’en avez eu que quatre…et, si on enlève le votre, ça fait trois ! Bref la société vous a refusé comme chef, à quoi sert tout ce que vous faites à présent ?

Un chef en minorité qui ne veut pas abandonner le pouvoir sera conditionnable, à cause de la nécessité qu’il aura de recourir continuellement à une aide de l’extérieur. Vous êtes pour certains le candidat idéal, même si un jour vous serez jeté après avoir été utilisé, comme ces pauvres femmes, qu’on utilise une fois et dont après on se débarrasse. C’est ce qu’il faut pour ceux qui voudraient diriger le Bon Pasteur par une marionnette…nous n’avons pas besoin d’un commissaire…même en faisant abstraction de tous les prêtres qu’aujourd’hui ne sont pas à l’IBP, mais qui sont intéressés, et qui disent qu’ils ne viendront pas chez nous tant que l’abbé Laguérie restera le chef. Résignez-vous à abandonner le pouvoir d’une société qui vous a refusé, sinon vous démontrerez qu’ils avaient raison lorsqu’ils disaient que vous vous en fichiez de l’IBP et que vous ne cherchiez qu’une niche et le pouvoir.

Si vous n’êtes pas complètement aveuglé par l’esprit des ténèbres, si la Providence vous donne un moment de lucidité profitez-en, avant qu’Elle ne vous l’enlève. Il ne faut pas que vous passiez à l’histoire comme « le Juda » qui a livré l’IBP, pensez à autre chose.

Je vous ai déjà dit tout cela en privé, je ne voulais pas le dire à l’extérieur, mais désormais vous m’y obligez. Concluez bien ce qui a si mal commencé. Combien de fois nous vous avons défendu avec force contre les attaques, vous avez été notre Supérieur, avec courage parfois, mais tout cela ne fait qu’augmenter ma désolation pour votre action à présent.

 

Comme à la Fraternité Saint Pierre en 2000 ?

Pensez aussi à cette éventualité : n’arriverait-il pas par hasard (de façon plus masquée) ce qui est arrivé en 2000 au Chapitre de la Fraternité Saint Pierre ? De cette Fraternité qui maintenant, selon vous, les cinq « signataires » du Communiqué, est arrivée à défendre, sans précision et servilement, la liberté religieuse et à ne plus faire aucune bataille doctrinale, pour la joie de la FSSPX, qui appelle traîtres tous « les Instituts Ecclesia Dei » ? Ne nous trouverions-nous pas, par hasard, devant une situation analogue ?     

Et si quelqu’un d’autre pense - comme il l’a clairement dit en privé - que céder sur l’ « exclusive » et sur la « critique constructive » est la meilleure voie pour faciliter le développement de l’IBP, comme on l’a entendu au téléphone et par oral, alors qu’il le dise de manière ouverte, mais non pas avec de telles « magouilles ».

Le Bon Pasteur a besoin d’un chef qui ne soit pas conditionnable, sous aucun point de vue. Quelle tristesse de voir que vous ne vous en rendez pas compte tout seul ! Et gardez-vous de l’esprit mauvais : vous ne ressemblez pas au Bon Pasteur qui donne la vie pour les siens. Vous ressemblez au contraire de Jésus Christ : que notre œuvre soit détruite, pourvu que mon pouvoir soit sauvé. Vous ressemblez au contraire du Bon Pasteur, démontrez que vous êtes un homme, un chrétien, un homme d’honneur, en démontrant avec les faits que tout cela n’est pas vrai, au lieu de vous auto-citer et de faire des manœuvres pour avoir les voix que vous n’auriez pas eu au début, en démontrant ainsi que le jugement que la FSSPX portait sur vous était faux. Démontrez-le, mais démontrez-le avec des faits !

Je vous ai dit toutes ces choses en privé et plusieurs fois, ce qui a causé votre ressentiment acharné et personnel ; je vous les redis cette fois publiquement suite à votre obstination suicidaire, parce qu’il y a encore une lueur d’espoir que vous ouvriez les yeux sur le mal que vous avait fait à notre Institut et je supplie la Mère du Bon Pasteur de nous préserver de l’aveuglement dans le service loyal de Son Fils.


                                                                                                            Don Stefano Carusi

Partager cet article
Repost0
24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 19:41

machiavelli.jpg

William Mortensen, Niccolò Machiavelli

 

 

Il est peut-être temps de démythiser le lieu commun selon lequel les traditionalistes sont de rigides béguins incapables de facéties hilarantes. Au contraire, il semblerait vraiment que lorsque la FSSPX parlait d’« accord pratique » impossible sans la préalable conversion de Rome, elle était en train de blaguer. Il se peut qu’avec ces « mensonges joyeux », la FSSPX ait voulu souligner toute sa catholicité, se proclamant fille de l’allégresse romaine d’un Saint Philippe Néri plutôt que de la froide rigueur d’un Cardinal de Bérulle ou, pire encore, d’un Saint-Cyran. Maintenant en effet la blague est dévoilée, mise noir sur blanc par le Chapitre Général, qui a juste oublié de reconnaître qu’il a effectué un demi-tour complet et que la Déclaration de 2006, approuvée à l’« unanimité », était justement un « mensonge joyeux ». Selon la morale, des affirmations de ce genre ne peuvent être faites que si tous en saisissent la nature ironique (notre revue à vrai dire l’avait compris, c’est pourquoi elle avait écrit que les blagues de Mgr Fellay n’étaient pas à prendre trop au sérieux).  

 

L’alternative à cette « hypothèse de travail » serait que la FSSPX a réalisé que sa position officielle précédente était erronée et qu’elle a donc décidé de la corriger : en ce cas en soi, elle aurait bien fait, c’est du moins notre avis (en effet plusieurs collaborateurs de cette libre revue restèrent scandalisés par la Déclaration unanime de 2006) ; mais le silence de mort qui règne quant à un éventuel changement de direction nous empêche pour l’instant de l’envisager sérieusement.


 

Impossible…

 

L’actuelle ère d’Internet ayant cette conséquence fâcheuse que la mémoire a plus que jamais besoin d’aide, reprenons certaines affirmations de la Fraternité que Disputationes avait commentées de façon critique. 

 

Voilà ce qu’affirmait la déclaration capitulaire de 2006, sans qu’aucune voix officielle ne se levât contre (exactement comme dans le camp des ralliés d’ailleurs) :

 « En effet, les contacts qu’elle (la FSSPX) entretient épisodiquement avec les autorités romaines ont pour unique but de les aider à se réapproprier la Tradition que l’Eglise ne peut renier sans perdre son identité, et non la recherche d’un avantage pour elle-même, ou d’arriver à un impossible accord purement pratique. Le jour où la Tradition retrouvera tous ses droits, « le problème de la réconciliation n’aura plus de raison d’être et l’Eglise retrouvera une nouvelle jeunesse » »

 

Mgr Fellay avait dit pire dans la période de préparation dudit Chapitre:

 « En tout cas, il est impossible et inconcevable de passer à la troisième étape, donc d’envisager des accords, avant que les discussions n’aient abouti à éclairer et corriger les principes de la crise » (Fideliter n. 171, maggio-giugno 2006, pp. 40-41).

« En revanche, il est clair que nous ne signerons pas d’accord si les choses ne sont pas résolues au niveau des principes  (…)  Nous ne pouvons pas nous permettre des ambiguïtés…[L’accord]  serait bâti sur des zones grises, et qu’à peine signés, la crise resurgirait de ces zones grises. Il faudra donc, pour résoudre le problème que les autorités romaines manifestent et expriment de façon nette en sorte que tout le monde comprenne, que pour Rome il n’y a pas trente-six chemins pour sortir de la crise, il n’y en a même qu’un seul de valable : que l’Eglise retrouve pleinement sa propre Tradition bimillénaire. Du jour où cette conviction sera claire chez les autorités romaines, et même si sur le terrain tout est loin d’être réglé, des accords seront très faciles à réaliser » (Mgr Fellay, ibidem).

 

Il n’est pas possible que dans la FSSPX personne ne se souvienne combien de fois – alors que la situation était moins exaspérée – il fut répliqué à des argumentations favorables à l’accord (et même prudemment favorables), que tant que la cause (la crise doctrinale) ne serait pas changée, l’effet (l’impossibilité d’une situation d’accord) ne pourrait l’être non plus. Logique « tardo-guérardienne », à notre avis, mais appuyée – bien que de façon plus ambigüe – par Mgr Fellay lui-même, souvent implicitement avec des « déclarations à double sens », « suisses et pour cela neutres » (comme le disaient en privé des prêtres qui  sont encore aujourd’hui membres de la FSSPX), mais parfois même de façon plutôt explicite:

«Tant que les principes ne seront pas abordés, les conséquences continueront inéluctablement. Je dois dire que pour l’instant Rome ne semble pas vouloir remonter aux principes (…) C’est très simple : tant que Rome reste sur une telle position [œcuménisme et liberté religieuse, dont le prélat venait de parler], aucun accord n’est possible » (Mgr Fellay cité dans l’Editorial de Don Marco Nély, La Tradizione Cattolica, n. 2 (62) – 2006, p. 4).


 

…au contraire, possible. 

 

Dans la longue Déclaration du Chapitre 2012 (qui au moins, à la différence de la précédente, n’a pas été présentée comme exprimée à l’unanimité, mais, de façon plus générique, avec une empreinte de réconciliation interne), au sujet de la question de l’accord une note rapide a été formulée, l’unique peut-être qui pouvait trouver un large consensus, tout de suite suivie de considérations pieuses et édifiantes :

« Nous avons défini et approuvé des conditions nécessaires pour une éventuelle normalisation canonique [façon habile de donner une image de fermeté à ce qui est en réalité une marche-arrière, comme nous le verrons ; possibilisme qui devrait satisfaire les récents accordistes ndr]. Il a été établi que, dans ce cas, un chapitre extraordinaire délibératif serait convoqué auparavant [limitation qui au contraire devrait satisfaire l’autre aile, qui craignait un coup de main accordiste de Mgr Fellay ndr]. Mais n’oublions jamais que la sanctification des âmes.”

 

Cependant Rome a tout de suite laissé entendre qu’une telle Déclaration ne valait pas grand-chose,  affirmant officiellement (cf. Le communiqué du père Lombardi) qu’elle attendait un autre écrit. Et de fait, parut bientôt sur Internet un autre texte du Conseil – texte qui, théoriquement, aurait dû rester interne - qui a spécifié les conditions pratiques (ou plutôt très pratiques) qu’on a fait demander par le Chapitre comme « Conditions sine qua non que la Fraternité s'impose et qu'elle réclame des autorités romaines avant d'envisager une reconnaissance canonique ».

 

Ces conditions sont ainsi formulées :


1. Liberté de garder, transmettre et enseigner la saine doctrine du Magistère constant de l’Eglise et de la Vérité immuable de la Tradition divine ; liberté de défendre, corriger, reprendre, même publiquement, les fauteurs d'erreurs ou nouveautés du modernisme, du libéralisme, du concile Vatican II et de leurs conséquences;


2. User exclusivement de la liturgie de 1962. Garder la pratique sacramentelle que nous avons actuellement (y inclus : ordres, confirmation, mariage) ;


3. Garantie d'au moins un évêque.

 

Ce même document présente aussi des requêtes souhaitables, mais non nécessaires. Notons à ce propos que par rapport aux précédentes déclarations de Mgr Fellay, il est évident que le pouvoir de négociation  de la FSSPX a chuté de façon vertigineuse : la Fraternité doit aujourd’hui demander comme « souhaitable» l’exemption épiscopale pour ses chapelles, alors qu’une solution canonique sur le modèle de Campos lui avait été proposée par le Cardinal Castrillon Hoyos il y a seulement six ans. De façon étonnante cependant, l’ouverture manifestée envers un accord pratico-canonique semble suivre, au moins chez Mgr Fellay, un parcours inverse.

 

Et l’accord doctrinal ? L’accord pratique impossible, et même inconcevable? L’indispensable correction préalable des principes de la crise, avant toute solution de la question canonique ? Où sont-ils passés ? Ils ont disparus. Ce n’est pas par hasard qu’une voix  autorisée de la FSSPX a récemment affirmé que l’accord est en ce moment « impraticable » : en bonne logique aristotélico-thomiste, il est donc possible en soi. Et Mgr Williamson a pu commenter que l’accord doctrinal a tout simplement disparu dans le néant sans que cela ne soit déclaré :

 « En ce qui concerne les six Conditions pour n’importe quel éventuel accord futur entre Rome et la Fraternité, elles méritent un examen détaillé, mais qu’il suffise pour le moment de signaler que la demande faite en 2006 par le Chapitre Général de la Fraternité, à savoir qu’un accord doctrinal est indispensable avant tout accord pratique, paraît avoir été complètement abandonnée » (Mgr Williamson, Commentaire Eleison - 4 aout 2012).

 

Et les explications du changement ? Il n’y en a aucune trace.

 


La victoire illusoire de la voie qu’on a voulu (préalables et astuces)

 

Notre revue – en cohérence avec la ligne exprimée par certains de ses rédacteurs avant-même sa fondation – a déjà exprimé sa position, laquelle pourra être consultée avec profit en lisant les articles sur ce sujet. Celle-ci avait provoqué des réactions incontrôlées, comme celles de commentateurs anonymes sur des sites récents, qui au nom d’un équivoque « œcuménisme de la Messe traditionnelle » ont une tendance "fourbesque" à penser qu’on puisse mettre de côté vérité et justice. Notre prise de position avait même provoqué des demandes de censure – particulièrement contre l’article « Accords Rome-Ecône : blaguait-t-on ?» - demandes qui nous ont été adressées sans que nous y donnions suite. Pour ne pas parler de la surdité intéressée de nombre d’opportunistes qui préfèrent se ruer sur des occasions favorables au lieu d’évaluer les raisons d’un choix : autre façon en plus de l’autoritarisme jacobin d’imposer sans argumentation une vision dictée par la commodité. 

 

La question que nous posons est donc celle-là : les développements des événements ne confirment-ils pas que les objections que nous avions essayé de poser – sans omettre des aspects tels que la complexité de la situation, les responsabilités de Rome, l’abondante présence (surtout en Italie) de problèmes de nature diverse voire opposée – étaient fondées?

 

Le risque de fractures dans la Fraternité Saint Pie X, qui en réalité a été un des obstacles à l’accord, a-t-il été réduit, ou n’a-t-il pas au contraire considérablement augmenté? Parce qu’il est évident que nous nous trouvons dans la deuxième éventualité, il est naturel de répliquer: certes, après une décennie d’interventions incessantes sur l’impossibilité de l’accord! « Qui sème le vent, récolte de la tempête » dit le proverbe…

 

De plus, comment Mgr Fellay peut-il aujourd’hui condamner sans gêne chez ses confrères ce que lui aussi disait (ou laissait entendre) jusqu’à hier ? Et si l’« impossible » et « inconcevable » d’hier a pu aujourd’hui devenir possible et concevable, les scandales ecclésiaux n’ayant pourtant malheureusement pas cessé ; alors quelle garantie y a-t-il que ce qui aujourd’hui encore reste impossible et inconcevable, ne devienne pas lui aussi possible et concevable demain ? 

 

Les divisions internes à la Fraternité Saint Pie X, trop niées hier, émergent aujourd’hui avec une force encore plus détonante : ce phénomène, qui découle en bonne partie du "tacticisme" de Mgr Fellay et de l’« histoire infinie » des interminables oscillations accord non/accord peut-être, ne risque-t-il pas – plus qu’un modeste (et reconnu comme tel) accord pratico-canonique réalisé dans les années où on le refusait – de détourner l’attention du problème non pas unique mais certainement principal, à savoir la crise dans l’Eglise ?  

 

 

«Un avantage pour toute l’Eglise»?

 

Est-il bien certain que la liaison, pour ainsi dire directe, de tout le “traditionalisme” à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ait été un bien? A ce propos : les fameux colloques doctrinaux Rome-Ecône, quel fruit ont-ils apporté ? On s’en souvient Mgr Fellay disait :

« Le but que l’on cherche à atteindre avec ces discussions doctrinales est une importante clarification dans l’enseignement de l’Église ces dernières années. En effet, la Fraternité Saint-Pie X, à la suite de son fondateur, Mgr Lefebvre, a de sérieuses objections au sujet du Concile Vatican II. Et nous espérons que les discussions vont permettre de dissiper les erreurs ou les graves ambiguïtés qui depuis lors ont été répandues à pleines mains dans l’Église catholique » (Mgr Fellay, Entretien du 19 septembre 2009 à Roodepoort, Afrique du Sud, Dici)

 

S’est-on au moins approché de l’objectif? La réponse est évidente pour qui n’est pas gouverné par l’esprit de faction : bien au contraire, au sujet du Concile Vatican II, Rome s’est plutôt durcie, en revenant en partie au climat des années soixante-dix. La chose est-elle vraiment si surprenante ? Quand Mgr Fellay déclare sur Internet, alors que les tractations étaient encore ouvertes, qu’en substance le Saint Siège a cédé face à la FSSPX sur le Concile, faut-il s’étonner que Rome – qui se trouve actuellement dans une situation fort délicate et qui a déjà « cédé » à la FSSPX sur les préalables et les discussions qu’elle exigeait– réagisse en faisant marche-arrière par rapport aux disponibilités dont il était précédemment question ? Faut-il s’étonner qu’elle se durcisse sur la vieille tendance à la dogmatisation du dernier Concile ?

 

Sur les triomphes de telles discussions doctrinales, laissons cependant parler un autre évêque de la Fraternité Saint Pie X :

« Pour me limiter à la « Note préliminaire » et au « Préambule doctrinal », je dois dire d’emblée qu’ils sont confus, équivoques, faux et mauvais pour l'essentiel. Même l’apparente ouverture à une critique du Concile est sibylline et rusée, un piège bien dressé (…). Ce document est substantiellement inacceptable. Il est pire que le Protocole de 1988, en particulier par rapport au Concile et au magistère postconciliaire » (Mgr de Galaretta, Document de réflexion suite à la rencontre d’Albano en octobre 2011)

 

A ce propos nous ajoutons que nous attendons avec impatience cette moisson de discussions doctrinales « de très haut niveau » (comme on disait aussi, à l’unisson avec Mgr Fellay, dans les milieux romains) dont on nous a promis qu’elle serait  publiée ; qu’elle soit mise sous les yeux de tous, afin que tous puissent en tirer un peu de cet avantage qui avait été promis « à toute l’Eglise ». En espérant que la publication promise ne soit pas renvoyée sine die par crainte de gêner d’éventuelles futures manœuvres – auxquelles Mgr Fellay s’est bien gardé de fermer la porte…quitte à attribuer l’initiative à des avances unilatérales de la part de Rome…

 

Passons sur les affirmations oscillantes de Mgr Fellay, spécialement entre mars et juin, mais déjà à partir de l’automne 2011 ; en revanche nous ne pouvons pas taire qu’en cette situation il nous semblerait un devoir de dire au moins une humble parole de vérité sur le demi-tour complet qui a eu lieu ; une humble prise de responsabilité, plutôt qu’un commode autoritarisme exercé hier sur les accordistes et aujourd’hui sur les anti-accordistes.

 

La rédaction de Disputationes Theologicae

 

 

 

Partager cet article
Repost0
14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 15:05
13 mai 2012, Fete de la Vierge de Fatima
 
cattolici_cinesi_xin--400x300.jpg
L'église patriotique de Chine
 
Nous avons reçu, au nom de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, l’injonction d’enlever ces deux articles: «Le "rite propre" et l' "herméneutique de continuité" sont-ils suffisants?» et «Accords Rome-Econe: "Blaguait-on?"», injonction assortie de menaces.
 
Il est notre devoir d’espérer que ce qui nous a été transmis, étant une demande irrecevable en raison de son opposition évidente avec le can. 212 (et 215) C.I.C., à été mal compris. Nous donnons cette information parce qu’il s’agit d’un fait de nature publique: l’Eglise n’est pas un régime d’absolutisme jacobin et Disputationes préfère compter sur la force probante des arguments.
 
Paix et Bien à tous!
 
La Rédaction


P.S. Entre autre chose aujourd'hui même nous lisons qu'un des fameux leader accordistes de la FSSPX, l'abbé Simoulin, dans un nouvel article appelle textuellement "funeste" la Commission Pontificale Ecclesia Dei, en insultant l'Institut du Bon Pasteur parce que, à la différence de ce que la   Fraternité est sur le point de faire, il s'est mis dans les mains de cette "funeste" (disent les accordistes de la FSSPX) Commission; aujourd'hui encore est paru un autre article qui décrit un accord réalisé "dans le dos" de cette même Commission, pour éviter que celui qui avait suivi les colloques avec la Fraternité et rédigé le préambule, soulève des problèmes: donc il n'est certainement pas avec nous, qui avons tout simplement exprimé des opinions, que la Commission Pontificale (au nom de laquelle la censure nous a été intimée) devrait s'en prendre...

Partager cet article
Repost0
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 23:49

2 mai 2012, St. Athanase

 

Bernini.jpg

G.L. Bernin, Saint'Athanase soutient la Chaire de Saint Pierre

 

 

Notre Rédaction, suite au compte-rendu de la visite canonique de l’Institut du Bon Pasteur, reçoit des questions qui peuvent être résumées par le titre de cette intervention. La question nous semble avoir un intérêt ecclésial majeur, sans compter les sollicitations à nous prononcer présentes dans plusieurs articles parus sur le sujet, comme celui du supérieur du district italien de la Fraternité Sacerdotale S. Pie X. Nous exposerons donc certaines considérations à nos lecteurs, lesquelles - évidemment - n’engagent que la ligne éditoriale de cette libre revue.

Le texte produit par la Rev. Commission Pontificale Ecclesia Dei propose à l’Institut du Bon Pasteur certaines indications, d’ordre en partie pratico-juridique et en partie théologico-pastorale. Ces indications touchent aussi les « spécificités » de l’ Institut, non en termes péremptoires, mais plutôt par mode de conseil : au sujet de la célébration de la Messe traditionnelle telle qu’elle est prévue par les Statuts, la Commission invite à parler de « rite propre », nous citons littéralement, « sans parler d’exclusivité » (invitation à modifier les Statuts fondateurs ? ). Elle demande aussi - et sur ce dernier point avec une formulation un peu plus forte - de diminuer la « critique, même sérieuse et constructive » des aspects du Concile Vatican II qui soulèvent des difficultés, pour insister davantage « sur l’herméneutique du renouvellement dans la continuité », en adoptant « comme base » le « Nouveau Catéchisme ».

Quant à ces deux points, la question, loin d’être une simple question terminologique, nous apparaît cruciale pour le futur du Bon Pasteur. Du reste la Commission semble avoir voulu, dans son ensemble, présenter son propre point de vue théologico-liturgique et, ne s’agissant pas toujours d’ordres formels, elle laisse le choix au Chapitre Général.

 

La nature de l’écrit de Mgr Pozzo et les circonstances historiques 

Le document est le résultat de la visite canonique effectuée après le délai des six ans depuis la fondation de l’Institut. Nous rappelons que la reconnaissance de ce dernier a été voulue personnellement par le Saint Père Benoit XVI, pour offrir la possibilité de l’«expérience de la Tradition» avec deux spécificités expressément prévues par les Statuts (approuvés par Rome) et en vertu desquelles on a parlé d’ « avancement »  de la cause traditionnelle : la célébration exclusive de la « Messe grégorienne » (selon l’expression du Cardinal Castrillon Hoyos) et la possibilité explicite d’une « critique sérieuse et constructive » des points du Concile Vatican II qui paraissent difficilement conciliables avec la Tradition.

Or, du point de vue liturgique le texte affirme qu’il serait souhaitable d’uniformiser les Statuts de l’Institut avec l’ « esprit » du Motu Proprio Summorum Pontificum, paru un an plus tard, en éliminant le mot exclusive, et en le remplaçant par l’expression « rite propre » (expression qui, étant déjà présente dans les Statuts à deux endroits, est donc invoquée en opposition avec l’autre et non en intégration). Notons cependant que cette expression, telle qu’elle a été rédigée par le Saint Siège en 2006, n’est pas incompatible avec la récente législation en la matière ; elle est plutôt la reconnaissance juridique d’une spécificité. Dans l’Eglise l’existence d’une loi générale (et, en ce cas spécifique, simplement d’une orientation) n’empêche pas la reconnaissance d’un droit propre : a fortiori si l’on est en présence d’une approbation antérieure de l’autorité ecclésiastique. Dans cette perspective on peut comprendre que l’indication de la Commission soit de l’ordre de l’invitation.

Du point de vue théologique le document invite à privilégier l’ “herméneutique du renouvellement dans la continuité” plutôt que la “critique, même sérieuse et constructive” et, de manière plus générale exhorte à une disposition “positive”. La Commission semble reconnaître que l’attitude du Bon Pasteur n’est pas celle d’une critique sauvage, irrespectueuse, extrémiste et téméraire, mais qu’elle reste conforme aux engagements écrits de 2006. Dans ce contexte l’Institut, du moment qu’il n’y a pas plein accord sur certaines positions doctrinales, souscrivait un « accord pratico-canonique », qui incluait aussi les deux points susmentionnés, dans un esprit de collaboration filiale avec le Saint Siège, et en prenant au sérieux les déclarations de S. Em. le Card. Castrillon Hoyos, lequel a confirmé que, si l’on a l’évidence d’incohérences, « la critique sérieuse et constructive est un grand service à rendre à l’Eglise ».


Une proposition de réflexion 

Le texte cité est à accueillir avec le respect dû à un document provenant d’un Dicastère romain, et en même temps dans ce même esprit d’ouverture et de franchise dans lequel nous nous sommes engagés à l’époque. Il contient des indications d’ordre pratico-juridique inspirées par la sollicitude en vue d’un perfectionnement de la justice administrative qui doit caractériser toute société ; précieuse nous apparaît l’invitation à approfondir « le pastorat du Christ » ; inévitablement dans une jeune fondation certains aspects doivent être améliorés, et la Commission offre des indications qui ne sont pas à sous-évaluer. Mais le document demande aussi de reconsidérer deux points qui constituent les spécificités de l’Institut ; sur ce dernier aspect, notre point de vue s’écarte de celui du rapporteur.    

 

La célébration « exclusivement » dans le rite traditionnel

Nous ne voyons pas d’incompatibilité législative entre une telle faculté et le Motu Proprio Summorum Pontificum, entre autre parce que la référence à laquelle on fait allusion, qui dit qu’il ne faut pas « exclure, en ligne de principe, la célébration selon les nouveaux livres », n’est pas contenue dans la partie normative, mais dans la lettre argumentative. D’ailleurs le passage peut être entendu comme une recommandation à ne pas exclure que d’autres prêtres catholiques célèbrent selon les nouveaux livres, au vu des  condamnations généralisées qui parfois ont été prononcées dans certains milieux (qui ont soutenu catégoriquement que la célébration selon les nouveaux rites est ipso facto matière de péché mortel). En tout cas il n’a pas été posé par le Suprême Législateur comme une obligation de loi. Même l’instruction Universae Ecclesiae (l’art. 19 par exemple) affirme seulement l’impossibilité d’une exclusivité qui se joindrait à des attaques violentes (sint infensae) et à des sentences catégoriques contre les textes approuvés par le Saint Siège ; toutefois le document n’exclut pas la possibilité de nourrir des réserves théologiques, il n’empêche pas d’agir de façon conséquente (lire ici), il n’impose pas le biritualisme comme une obligation.

Nous avons écrit dans le passé qu’à ce propos nous faisons nôtres les réserves que partageait S. Em. le Card. Ottaviani lorsqu’il écrivit la lettre accompagnant le Bref examen critique du Novus Ordo Missae. Tant de prélats, dont le Pontife Régnant n’est pas le moindre, ont déjà écrit en demandant une « réforme de la réforme » ; il doit bien y avoir une raison… Il nous semble donc que le terme exclusive exprime bien notre position, et il a été admis comme tel par le Saint Siège dans nos Statuts, dans une attitude de loyauté réciproque. Sans vouloir nous substituer à l’autorité ecclésiastique quant à un futur jugement, nous affirmons, avec prudence et modération mais sans fard, notre avis : qui n’est pas péremptoire, mais qui voudrait être franc et qui suppose d’agir en conséquence. Si nous n’agissions pas ainsi et si nous cachions la pensée de nos cœurs, ou pire encore si nous agissions contre notre conscience, nous manquerions réellement de respect à cette Autorité que nous voulons servir dans la clarté des positions. Nous pensons donc que le terme « exclusive » doit être maintenu, et ce, conformément aux engagements pris publiquement par nous. Le Bon Pasteur en effet n’est pas né pour s’occuper de son propre intérêt personnel - vitam suam dat pro ovibus suis – mais pour offrir un témoignage de la possibilité d’une position ecclésiale qui inclut les présupposés cités.    

 

La “critique sérieuse et constructive”

En effet en ces six ans nous nous sommes efforcés – ici encore en observant les engagements pris avec le Saint Siège – d’analyser les documents plus récents dans un esprit serein, déférent, mais sans cacher a priori  certaines difficultés réelles de conciliation avec la Tradition. Cette attitude aurait été non seulement peu scientifique théologiquement, mais surtout déloyale envers l’Eglise. Cela ne suffit pas ? Ce positionnement n’exclut pas a priori le fait que certains points problématiques de tel ou tel document  puissent être interprétés selon une lecture de « continuité dans l’herméneutique théologique », tout en présentant parfois des expressions ambigües. La critique « sérieuse et constructive » n’exclut pas forcement l’éventualité, là où c’est possible, de lire des passages nouveaux en continuité avec le Magistère antérieur ; mais elle veut aussi exprimer la possibilité - et le devoir filial - de dire ouvertement au Saint Siège que certains points pourraient demander une reconsidération. En raison du pouvoir des Clés, dans le suprême hommage à la Vérité et dans l’intérêt de l’Eglise, le Souverain Pontife peut le faire avec des textes magistériels non infaillibles, surtout là où la continuité ne serait pas démontrée. Si avec notre histoire nous obscurcissions délibérément cet humble témoignage, nous manquerions gravement de respect envers le Siège Apostolique ; nous serions à la recherche d’un bénéfice personnel immédiat –  fut-il même social – « pro domo sua », en délaissant l’engagement en vertu duquel certains ont adhéré à cet Institut, engagement que le Saint Siège a approuvé par écrit voilà seulement six ans. 

 

Le danger de l’obéissance indue ou du servilisme et de la perte de ce que nous représentons

Nous avons voulu offrir nos considérations, en tenant compte de la nature de l’Institut du Bon Pasteur. Il serait, s’il se privait de ses spécificités statutaires, - tel est l’avis de notre revue – radicalement dénaturé et nous nous demandons : sans l’ « exclusive » et en mettant de coté la « critique sérieuse et constructive », le Bon Pasteur conserverait-il sa raison d’exister ? Pourquoi ne pas préférer quelque autre Congrégation ? Après l’ « esprit du Concile » avons-nous vraiment besoin d’un « esprit du Motu proprio », érigé en norme ? Dans les actuelles circonstances n’est-t-il pas important de rappeler une claire distinction entre une argumentation et une obligation, une invitation et une loi, une opinion (quoique autorisée) et un clair enseignement ? Si nous confirmons l’impression que les concessions prévues par des accords sont instables, rendrions-nous service à l’Eglise ? Un savant comme Mgr Nicola Bux a évité de dogmatiser, en l’emphatisant outre-mesure, l’herméneutique de la continuité (que les progressistes continuent tranquillement à ignorer), en disant de façon sobre qu’elle « a fourni un critère pour aborder la question et non pas pour la fermer » : serions-nous crédibles si nous voulions être (ou feindre d’être) plus « ratzingeriens » que Mgr Bux ?

En outre, est-il réaliste de penser que la Fraternité Saint Pie X adopte, maintenant ou d’ici six ans, les indications qui nous sont suggérées ? Et pourtant, si certaines positions étaient juridiquement incompatibles - et ecclésialement impossibles - elles le seraient dans un esprit de droit, tant pour la Fraternité Saint Pie X que pour l’Institut du Bon Pasteur (qui n’a pas demandé la « contrepartie » des préalables) : confiants dans la Providence, nous devons donc déduire, qu’elles ne sont que des invitations. Nous ne négligeons pas qu’aujourd’hui il y a dans l’Eglise des poussées et de gravissimes difficultés; mais il nous semble que les spécificités de l’Institut du Bon Pasteur, plus qu’un obstacle au bien du Corps mystique, sont un humble et sincère service à l’Eglise.


Don Stefano Carusi IBP  

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 11:14

  Jacques-Louis_David_015.jpg

David, Pie VII "assiste" au couronnement de Napoleon

 

 

"Assise III" est désormais imminente. Nous en avons déjà parlé le 13 avril, au point n. 4 de l’article « La nécessité théologique et ecclésiale d’une troisième voie ni « spirale schismatique » ni « conformisme rallié » (Ière partie). Nous y avons exprimé la position de ce « libre site », dont le directeur « appartient à l’Institut du Bon Pasteur », et qui voit aussi la collaboration de fidèles laïques qui regardent l’Institut avec intérêt.

 

Nous avons dit:

a - Que nous somme «fort contraires aux rencontres interreligieuses, c’est notre position, elle est publique et  connue par le Saint Père comme par l’Eglise en général ».

 

b - Que, plus largement, «lorsque l’Osservatore Romano dans un article signé par Renzo Gattegna a dit que l’Eglise devait renoncer à convertir les juifs, notre revue a souscrit une dénonciation publique présentée à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, déjà en Décembre 2010 (un mois avant l’annonce d’Assise III), et a ensuite publié un article à ce sujet”.

 

c - Que « la véritable motivation d’une telle rencontre », plus que purement théologique, pouvait être «liée, bien plus qu’on ne le croit, à l’actuel équilibre international ou à des équilibres internes au monde ecclésiastique ». Et cela à tel point qu’au n. 3 nous avions parlé d’« actes non-infaillibles que l’autorité produit ou subit, propose ou semble proposer ».

 

d - Que, en tant qu’observateurs, nous voyions une contradiction chez ceux qui affirmaient en même temps « l’indicible gravité de la future rencontre d’Assise III » (au point que nous aurions été, selon leur jugement, trop modérés sur le sujet) et le succès des « colloques théologiques Econe-Rome» (colloques qui, à leurs dires, devaient corriger les principes de la crise et convertir Rome) : « en effet, en raison du caractère « doctrinal » qu’on a voulu donner à de telles rencontres, si ces dernières se passent bien cela signifie que dans les faits, l’actuel œcuménisme ne pose pas de problèmes aux interlocuteurs ».

 

e - Que «connaissant  la pensée du Card. Ratzinger à l’époque et ses affirmations sur l’impact désastreux de ces événements» - ce qui, déjà à ce moment là, nous laissait pressentir qu’il y avait quelque chose d’étrange dans une telle convocation - nous estimions devoir nous distinguer des rapides « commentaires » parus dans certains « sites du milieu traditionnel » sur le Saint-Père, et parfois même des « épithètes », qui lui ont été attribués. Nous avons préféré en conscience dire ce qui est reporté plus haut et« attend(endre) les événements pour mieux voir quelle est, dans la « mens » du Pape, la véritable motivation d’une telle rencontre » et pouvoir ainsi en dire davantage.

Comme nous l’avions promis à l’époque, nous revenons sur la matière; et nous le faisons maintenant parce qu’un nouvel élément est paru depuis peu (est-ce vraiment un hasard ?), qui a une grande importance pour la compréhension d’un tel évènement : il s’agit d’un texte écrit de la main-même du Saint Père en réponse aux préoccupations sur une telle rencontre, qu’un vieil ami Lui a exprimées, le pasteur luthérien Peter Beyerhaus (l’audace se trouve parfois là où l’y attend le moins…). Examinons donc avec attention la réponse, clairement privée, mais aussi révélatrice, de Benoit XVI :

«Je comprends très bien, votre préoccupation par rapport à ma participation à la rencontre d’Assise. Mais cette commémoration doit être célébrée de toutes façons et après tout, il me semblait que le mieux c’était d’y aller personnellement pour pouvoir essayer de cette manière de déterminer la direction du tout. Cependant je ferai tout pour que soit impossible une interprétation syncrétique de l’évènement et pour que cela reste bien ferme que toujours je croirai et confesserai ce que j’avais rappelé à l’intention de l’Église avec l’encyclique Dominus Iesus»

 

Ce passage est impressionnant ; il en ressort avec clarté que ce que l’on donne généralement pour obvie, c’est à dire que le Pape détermine la direction des événements dans l’Eglise, n’est pas toujours la réalité : le Pape estime seulement pouvoir « essayer de cette manière de déterminer la direction du tout ». En effet « cette commémoration doit être célébrée de toutes façons ». Pourquoi ? Le Pape ne le spécifie pas, mais que l’on fasse bien attention à l’enchainement du discours : d’abord Il ne nie pas du tout la justesse des préoccupations de son interlocuteur, mais semble bien plutôt les partager. Il décrit ensuite l’acte en question comme inévitable et indépendant de Sa présence: même si Lui ne s’y rend pas, l’évènement aura lieu de toutes façons, et son choix d’y aller personnellement pour réduire les dangers dépend de cela. C’est donc un acte qui, plus que voulu, est subi. C’est l’interprétation, dans une ambiance confidentielle mais par écrit, qui ressort des mots de Benoit XVI en personne.

Nous sommes là face à une interprétation qui contredit toute lecture idéologique de l’évènement, sur les deux fronts.

En effet, contrairement à certains commentaires téméraires des représentants de la “branche dure” du monde traditionnel, le motif n’est pas attribuable à des facteurs principalement théologiques, à une aveugle volonté œcuméniste du Pontife régnant, mais aux conditionnements dans lesquels Il se retrouve.

Une autre attitude – non moins abstraite – se trouve elle aussi contredite, attitude d’un certain monde traditionaliste qui voudrait se montrer rallié même à des actes de ce genre, en voulant par exemple appliquer à tout prix l’herméneutique de la continuité même à Assise III, et par cette voie, en donner  une évaluation substantiellement positive (sinon presque de louange). En effet il est clair – même par son livre écrit avec l’ancien président du Senat italien Marcello Pera – que Joseph Ratzinger est enclin à substituer, doucement et diplomatiquement, le dialogue proprement interreligieux avec un dialogue en substance interculturel ; cependant avec un peu de sens de la réalité est aussi clair que de telles rencontres se prêtent dans les faits à de graves dangers. L’intention de corriger Assise I est un aspect réel de la question ; mais il n’en demeure pas moins réel qu’officiellement Assise III est présenté comme « célébration » d’Assise I. Naturellement il reste à voir ce qui précisément sera dit et fait à Assise, cependant de la part de certains évêques et prêtres nous avons déjà entendu des discours hors des voies de l’orthodoxie, discours qui ont pris inspiration de l’événement annoncé.

 

Relisons le passage de S.S. Benoit XVI, en y réfléchissant, et nous verrons que ce qui en ressort, ce n’est pas l’évaluation d’un bien, mais plutôt d’un dommage que, en estimant qu’on ne peut pas agir autrement, on cherche à réduire. Un servile « traditionalisme » ultra-ratzingerien (craintif et complexé), qui au lieu de se limiter à de justes explications se sentirait obligé même de partager et approuver Assise III, bien qu’il ne s’agisse ni d’un acte magistériel ni d’une loi de l’Eglise, se retrouverait « à gauche » non seulement de Mgr Gherardini et de ses réserves sur l’abus de la notion d’ « herméneutique de la continuité », mais  aussi à gauche de Benoit XVI. Rendrait-t-il en agissant ainsi un bon service au Saint Père, alors qu’il se trouve dans des conditions de plus grande liberté que Lui? Quelle raison d’être lui resterait-il?

 

Don Stefano Carusi

Partager cet article
Repost0
6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 21:45

Rome_discussions_santuffizio.jpg

 

Note sur les développements d’une dispute théologico-ecclésiale

 

Les bruits augmentent sur la possibilité d’un accord imminent entre la Fraternité Saint Pie X et le Saint-Siège, possibilité d’accord relative à la concession d’un Ordinariat personnel et à la convocation à Rome, prévue pour le 14 septembre, du Supérieur de la FSSPX et de ses deux assistants.

 

Naturellement, il est important de le rappeler, les bruits et les certitudes ne coïncident pas nécessairement– mais là, certains éléments sont réels. Dans un très bref délai, en effet, on a pu noter sur cette question plusieurs interventions : l’abbé Franz Schmidberger, Supérieur émérite de la FSSPX; Mgr Richard Williamson, l’un des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, qui a confirmé la chose, mais avec un point de vue assez différent (dans le passé, rappelons-le, Mgr Bernard Fellay avait nié l’existence de divisions entre les évêques, attribuant cela à des rumeurs malveillantes venant de l’extérieur) ; enfin le Supérieur d’un district important comme celui d’Italie, don Davide Pagliarani, qui est lui aussi intervenu en donnant des réponses. C’est surtout cette dernière intervention qui nous pousse à revenir sur ce sujet, pour le motif que nous allons expliquer. Quoiqu’il en soit, la rencontre du 14 septembre est une chose certaine.

 

Quant à nous, nous ne pourrions que nous réjouir si la FSSPX faisait enfin ce qui, par ailleurs, est en substance le même choix que le nôtre (traité jusqu’à présent comme un choix de traîtres ; celui des “accordistes”, maltraités, punis et méprisés) : c'est-à-dire un accord substantiellement pratico-canonique  conjointement à la possibilité de « faire l’expérience de la Tradition » (selon la formule soutenue par Mgr Lefebvre pendant tant d’années, sans doute durant la majeure partie de sa résistance), et à l’attestation de l’existence de questions doctrinales sur lesquelles, en l’état actuel, il n’y a pas d’accord, mais intention de discuter.

 

Cependant, quant aux modalités de réalisation de ces éventuels accords, nous ne pouvons que remarquer un problème de clarté et de vérité et poser la question aux intéressés; ces derniers aspects devraient tenir particulièrement à cœur à la FSSPX si l’on en croit ses déclarations récurrentes.

 

Evidemment, nous ne répéterons pas ici tout ce que nous avons déjà dit: nos précédents articles, « L’échec des colloques doctrinaux avec la Fraternité Saint Pie X et la question d’un Ordinariat personnel (link)»  et « La nécessité théologique et ecclésiale d’une " troisième voie" : ni "spirale schismatique "ni "conformisme rallié" (link) », sont disponibles sur cette revue pour tous ceux qui veulent les consulter avec attention et objectivité. Dans ce cadre, nous allons donc nous concentrer sur les développements de l’article « L’échec des colloques doctrinaux » et sur le débat qui en a découlé.

  

Accord possible…

Comme indiqué plus haut, le Supérieur du District d’Italie a répliqué en ces termes à propos de l’évaluation de l’échec des discussions doctrinales:  

 

«Je pense que c'est une erreur de considérer que les entretiens ont échoué. Peut-être que ceux qui tirent ces conclusions sont ceux qui s'attendaient à que les entretiens aboutissent à un résultat étranger aux finalités des entretiens eux-mêmes. Le but des entretiens n'a jamais été de déboucher sur un accord concret, mais bien de rédiger un dossier clair et précis, qui souligne les positions doctrinales respectives à remettre au Pape et au Supérieur général de la Fraternité».

 

Quant à l’éventualité de la proposition prochaine d’un Ordinariat, « elle serait prise sereinement en considération […]»[1].

 

A son tour le district d’Allemagne affirme:  

 

« Cependant la question du statut canonique n’a jusqu’à présent pas obtenu de réponse»[2].

 

De ces deux déclarations, il ressort que la réalisation d’un accord canonique devient possible; et cela alors que, comme dit même l’un des quatre évêques, craignant son acceptation : « tout le monde dit que les Discussions ont confirmé qu’aucun accord doctrinal n'est possible entre la FSSPX (…) et la Rome d'aujourd'hui ». Et l’évêque poursuit : « la situation après les Discussions est exactement la même qu'avant ».[3]

 

  

…malgré le réel échec des colloques doctrinaux

Nous observons que, en dépit de ce que nous avions écrit sur l’échec des colloques doctrinaux, on déclare aujourd’hui que leur finalité aurait seulement été de faire mieux connaître les positions respectives et qu’ils ne seraient donc pas une faillite, mais un succès. Or cela est insoutenable pour plusieurs raisons :

 

1)   Parce que des documentations mettant en évidence les positions respectives existaient depuis longtemps : par exemple, la réponse de Rome aux Dubia présentés par Mgr Lefebvre (1987); par exemple les études de Mgr de Castro Mayer (sur la Liberté religieuse et sur le Novus Ordo Missae) et de Mgr Fellay (sur l’œcuménisme actuel), respectivement en 1974 et en 2004 ; par exemple, les réponses argumentées écrites par Mgr Lefebvre à l’ex Saint-Office sur les questions controversées, au début du pontificat de S.S. Jean Paul II (et qui aujourd’hui ne sont pas du tout mises en valeur par la FSSPX elle-même, malgré les sollicitations écrites reçues récemment par un prêtre du clergé romain, qui avait assisté Mgr Lefebvre dans leur rédaction). S’il s’était agi seulement de compléter l’ensemble de ces écrits, alors l’accord aurait pu être signé depuis des années: en effet, comme nous l’avons écrit, Rome à l’époque avait déjà donné sa disponibilité à concéder en même temps deux choses : la régularisation canonique et une Commission bilatérale théologique d’approfondissement des points controversés. Ecône a donc changé d’avis? Ou apprécie-elle maintenant ce qu’elle avait méprisé il y a quelques années? Ou plutôt n’était-ce qu’une question publicitaire, pour donner une apparence de victoire sur une Rome, qui s’était enfin rendu à discuter?

 

 

 

2)   Parce que le résultat illustré ici-bas n’était certainement pas « étranger aux finalités des entretiens eux-mêmes » - comme affirmé aujourd’hui -, étant au contraire l’objectif déclaré par les autorités de la FSSPX. Les affirmations ne manquent pas, entre autre sur la nécessité préliminaire de la conversion de Rome, mais à titre d’exemple, nous nous bornerons à rapporter deux textes significatifs, le premier étant de Mgr Fellay - déjà sous le règne de Benoit XVI - le second la déclaration du Chapitre Général :

 

 

 

-   «nous envisageons trois étapes vers une solution de la crise: préalables, discussions, accords.(…) (Si Rome accorde les préalables) il conviendra de passer à la deuxième étape c'est-à-dire aux discussions (..) cette étape-là, celle des discussions sera difficile, houleuse et probablement assez longue (…). En tout cas, il est impossible et inconcevable de passer à la troisième étape, donc d’envisager des accords, avant que les discussions n’aient abouti à éclairer et corriger les principes de la crise”[4].

 

 

 

-   “En effet, les contacts qu’elle entretient épisodiquement avec les autorités romaines ont pour unique but de les aider à se réapproprier la Tradition que l’Eglise ne peut renier sans perdre son identité, et non la recherche d’un avantage pour elle-même, ou d’arriver à un impossible accord purement pratique. Le jour où la Tradition retrouvera tous ses droits, « le problème de la réconciliation n’aura plus de raison d’être et l’Eglise retrouvera une nouvelle jeunesse »[5].

 

 

 

Nous demandons donc à la FSSPX de répondre publiquement aux questions suivantes : les principes de la crise sont-ils aujourd’hui, grâce aux discussions, non seulement “éclaircis”, mais aussi “corrigés”? La Tradition a-t-elle retrouvé aujourd’hui « tous » ses droits ? Entre Ecône et Rome y a-t-il accord sur la doctrine? Même si l’on se fonde sur ce qui a été dit à propos de la rencontre d’Assise, prévue juste en octobre, il semblerait bien que non….Comment donc expliquer qu’aujourd’hui la Fraternité ne semble pas exclure, au moins en principe, ce qu’hier elle avait décrit comme « impossible » et même « inconcevable » ? Peut-être s’est-on alors rendu compte que de telles déclarations étaient erronées ? Eh bien, dans le respect des droits de la vérité et par amour de la clarté, qu’ils le disent ouvertement. Jusqu’à présent Mgr Fellay n’a même pas expliqué pourquoi il avait d’abord affirmé[6]qu’il ne pouvait pas faire de demande écrite d’un retrait du décret d’excommunication, puisque que cela aurait dans tous les cas impliqué la reconnaissance de la validité des dites censures, et qu’ensuite il a fait cette demande écrite comme si de rien n’était.

 

 

Avec de tels présupposés, quel accord “doctrinal” est possible?

Dans le cas où l’on ne reconnaîtrait pas avoir choisi le plus modeste accord pratico-canonique, en essayant de cacher le changement de direction, le «demi-tour». Cela voudra signifier que l’éventuel accord serait encore présenté comme doctrinal, comme il a été prétendu dans maintes déclarations publiques, alimentant ainsi la confusion. Mais qu’on nous explique alors quel accord doctrinal pourra rester cohérent avec les positions rigides exposées de manière catégorique par les parties en dialogue durant ces dernières années, conséquence de la procédure choisie. Telle était en effet la teneur de la déclaration du Chapitre :

 

«Si, après leur accomplissement, la Fraternité attend la possibilité de discussions doctrinales, c’est encore dans le seul but de faire résonner plus fortement dans l’Eglise la voix de la doctrine traditionnelle. En effet, les contacts qu’elle entretient épisodiquement avec les autorités romaines ont pour unique but de les aider à se réapproprier la Tradition que l’Eglise ne peut renier sans perdre son identité, et non la recherche d’un avantage pour elle-même, ou d’arriver à un impossible accord purement pratique. Le jour où la Tradition retrouvera tous ses droits, « le problème de la réconciliation n’aura plus de raison d’être et l’Eglise retrouvera une nouvelle jeunesse »[7].

 

Et les paroles de Mgr. Fellay:  

«Nous ne sommes pas disposés à avaler le poison que l’on trouve dans le concile»[8].

 

Ou encore les déclarations du Supérieur du district d’Italie:  

«Tout le monde sait que la Fraternité n’acceptera jamais ni l’art. 31, ni l’art. 19 [de l’Instruction “Universae Ecclesiae”]»[9].

 

Les exemples d’autres choses que des membres éminents de la Fraternité refusent publiquement, même de façon totale et catégorique, ne manquent pas; dans les articles de ce site on peut trouver des exemples, qui ne  sont point exhaustifs sur le sujet, mais qui sont néanmoins parfois déconcertants.

 

Telles étaient les conditions de la Secrétairerie d’Etat:  

«Comme cela a déjà été publié auparavant, le décret de la Congrégation pour les évêques, daté du 21 janvier 2009, a été un acte par lequel le Saint-Père répondait de façon bienveillante à des demandes répétées faites par le supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X.

 

Sa Sainteté a voulu lever un obstacle empêchant l'ouverture du dialogue. La peine très grave d'excommunication Latae sententiae, que les évêques en question ont encourue le 30 juin 1988, et qui a été ensuite formellement déclarée le 1er juillet de la même année, était la conséquence de leur ordination illégitime par Mgr Marcel Lefebvre (…). 

 

La levée de l'excommunication a libéré les 4 évêques d'une peine canonique extrêmement grave mais n'a pas changé la situation juridique de la Fraternité Saint-Pie X qui, à l'heure actuelle, ne bénéficie d'aucune reconnaissance canonique dans l'Eglise catholique. Ajoutons que, les 4 évêques, bien que libérés de l'excommunication, n'ont pas de fonction canonique dans l'Eglise et n'y exercent pas licitement de ministère. La pleine reconnaissance du Concile Vatican II et du magistère des papes Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean-Paul II et du même Benoît XVI est la condition indispensable à une future reconnaissance de la Fraternité Saint-Pie X »[10].

 

 

 

      

Par honnêteté intellectuelle

 

Vu que la FSSPX considérait l’accord doctrinal même comme la condition “sine qua non” à la régularisation canonique, on pourrait au moins s’accorder sur le texte des déclarations? En effet l’original de la réponse de Mgr Fellay aux cinq points (« l’ultimatum ») de Rome ne résulte pas avoir été publié. Alors que sur un passage doctrinalement important de la lettre avec laquelle a été obtenue l’annulation du décret d’excommunication circulent deux versions publiées sur leurs presses respectives : selon l’une, Mgr Fellay et la FSSPX acceptent jusqu’à Vatican I ; selon l’autre ils acceptent jusqu’à Vatican II (ce dernier avec des réserves). Par leur nature les documents de ce genre sont des actes publics : comment est-il possible qu’aient circulé deux versions avec des passages entre guillemets différents entre eux ? Lequel des deux correspond à l’original ? Qu’a signé exactement Mgr Fellay ? Serait-il possible « dans l’intention d’une plus grande transparence possible » de publier les deux lettres ?

 

Une dernière considération. Si la FSSPX accepte la régularisation canonique, si en tout cas maintenant, par l’intermédiaire de ses membres les plus éminents, elle s’y montre disponible, et cela alors que « tout le monde dit que les discussions ont confirmé qu’aucun accord doctrinal n’est possible » – alors il ne reste que deux cas possibles. Ou bien la FSSPX a compris qu’elle s’était trompée dans le fait d’exclure, d’une façon qui était même ontologique, la régularisation sans accord doctrinal préalable et elle a changé d’avis (mais cela, par honnêteté intellectuelle il faut alors le déclarer). Ou bien elle a voulu « faire monter les enchères », en utilisant de telles matières doctrinales, pour de plus grandes concessions pratiques.

 

Dans cette deuxième et très grave éventualité, on pourrait expliquer l’oubli du Supérieur italien, qui dans l’entretien cité affirme: “l’unique prélat qui n’a jamais cessé de célébrer publiquement dans le rite traditionnel, à l’époque considéré de façon erronée comme abrogé et banni, a été le fondateur de la Fraternité Saint Pie X”. Sans rien enlever au “vénéré” Mgr Lefebvre, “un grand homme d’Eglise”[11],il faut cependant objecter : et Mgr de Castro Mayer ? Est-ce-que ce prélat « a cessé de célébrer publiquement dans le rite traditionnel » ? Ou se peut-il que, ne pouvant pas aujourd’hui instrumentaliser ce dernier en faveur de l’actuelle FSSPX, même s’il n’a jamais cessé, il convienne de ne pas s’en souvenir ?

 

Une autre question demande une réponse. Comment est-il possible que l’intervention de Mgr Williamson semble évoquer la présence « déjà en 2001 » de problèmes pratiques sur l’accord (à propos des nominations des futurs évêques et supérieurs de la FSSPX), alors que Mgr Fellay nous disait à cette époque que les propositions de Rome étaient très bonnes et très convenables pour la Fraternité sous l’aspect pratique, mais que celle-ci ne pouvait pas les accepter uniquement pour les motifs philosophico-théologiques mentionnés plus haut ?

 

Même pour chasser tout doute selon lequel les questions doctrinales auraient été instrumentalisées comme de la marchandise, pour obtenir des avantages très pratiques, tout en donnant en même temps l’impression de mépriser ces mêmes avantages pratiques, nous demandons publiquement à Mgr Fellay de reconnaître avec humilité et clarté que certaines affirmations du passé – avec les critères, les mentalités, et les attitudes connexes  – sont à corriger  profondément.

 

 

La Rédaction de Disputationes Theologicae

 



[1]Intervista al Superiore del Distretto Italiano della FSSPX, tratta dal sito del Distretto italiano della  FSSPX, luglio 2011,http://www.sanpiox.it/public/index.php?option=com_content&view=article&id=323:intervista-a-don-davide-pagliarani&catid=35:info-sulla-fsspx&Itemid=123

[2]«[…], jedoch wurde die Frage nach dem kirchenrechtlichen Status bislang nicht beantwortet», (http://www.piusbruderschaft.de/startseite/archiv-news/734-beziehungen_zu_rom/5766-generaloberer-nach-rom-gebeten).

[3]Mons. R. Williamson, Commentaire Eleison 20 août2011, http://tradinews.blogspot.com/2011/08/mgr-williamson-commentaire-eleison-les.html

[4]Mons. Fellay, in Fideliter n. 171, maggio-giugno 2006, pp. 40-41.

[5]Dichiarazione dell’ultimo Capitolo generale della FSSPX, fatta «nell’intento della più grande trasparenza possibile, e per evitare anche qualsiasi falsa speranza o illusione».

[6]Ad esempio, nell’omelia del 2 febbraio 2006 a Flavigny.

[7]Dichiarazione dell’ultimo Capitolo della FSSPX (cfr. nota 5).

[8]Omelia di mons. Fellay a Saint-Malô, nella S. Messa dell’Assunta 2008.

[9]Intervista al Superiore del Distretto italiano della FSSPX (cfr. nota 1).

[10]Nota della Segreteria di Stato Vaticana, 4 febbraio 2009.

[11]Secondo le espressioni del Pontefice regnante nell’udienza dell’estate 2005.

Partager cet article
Repost0